Zurich (awp) - Le géant du travail temporaire Adecco a vécu un exercice mitigé en 2022, parvenant à accroître ses recettes mais subissant une chute de son bénéfice. Après l'acquisition du franco-belge Akka, qui a pesé sur le rentabilité, le groupe zurichois ne prévoit pas de rachat d'ampleur.

Malgré un ralentissement des volumes en janvier, Adecco compte "gagner d'autres parts de marché" et "croître dynamiquement" en 2023, a assuré le directeur général Denis Machuel mardi auprès d'AWP, en marge des résultats annuels.

Le chiffre d'affaires annuel a totalisé 23,6 milliards d'euros (23,20 milliards de francs suisses), en hausse de 13%, pour une croissance organique de 5%. En revanche, le résultat opérationnel (Ebita) apuré des effets exceptionnels a décru à 833 millions (-13%) pour une marge correspondante de 3,5% contre 4,6% un an plus tôt. Le bénéfice net a fondu à 342 millions, en retrait de plus de 40%.

Les liquidités provenant des opérations ont reculé de près de 200 millions d'euros à 543 millions, en raison notamment d'investissements dans la croissance et de l'augmentation des coûts, en particulier pour l'intégration de la société franco-belge Akka Technologies. La finalisation de l'acquisition s'est faite il y a un an tout juste. Le groupe ne prévoit d'ailleurs pas d'emplettes importantes, seulement des "petites acquisitions complémentaires", a précisé le chef des finances Coram Williams.

Plongeon du bénéfice de deux tiers

Entre octobre et fin décembre derniers, le groupe zurichois a enregistré des recettes en hausse de 13% à 6,21 milliards d'euros (6,16 milliards de francs suisses), alors que la croissance organique a atteint 5%. En termes de rentabilité, le résultat opérationnel (Ebita) apuré des effets exceptionnels s'est rétracté de 12% à 228 millions. La marge afférente a reculé de 100 points de base à 3,7%. Cette baisse s'explique notamment par des investissements dans la croissance, une moindre contribution d'Adecco aux Etats-Unis et de LHH Solutions de recrutement, en partie compensées par Akka et par un apport plus fort de LHH Transition & Mobilité de carrière.

Adecco a engrangé un bénéfice net en chute de 65% sur un an à 65 millions d'euros. La copie du dernier partiel est plus ou moins conforme aux prévisions des analystes interrogés par l'agence AWP.

Par régions, les recettes de l'unité Adecco ont crû de 5% en France à 1,3 milliard d'euros, de seulement 1% dans le sud de l'Europe, Moyen-Orient et Afrique du Nord (1 milliard) et de 17% en Suisse, Allemagne et Autriche (à 423 millions) sur les trois derniers mois de l'année. Les autres divisions du groupe, LHH et Akkodis, ont progressé respectivement de 5% et 83%. Cette dernière a bénéficié de l'intégration d'Akka.

En revanche, aux Etats-Unis, "nous n'avons pas encore atteint la croissance de marché et devons encore procéder à des ajustements pour y parvenir", a ajouté le patron français.

Le montant du dividende reste stable à 2,50 francs suisses par action au titre de l'année entière.

Par ailleurs, l'entreprise qui fusionne ses fonctions informatique et numérique cherche un nouveau responsable de ce domaine (IT & Digital). Rob James, ancien responsable informatique en aura la charge en intérim. Ralf Weissbeck, l'actuel CIO et Teppo Paavola, responsable du numérique, quittent la direction au 31 mars.

La direction ne donne pas d'objectifs chiffrés mais table sur une marge brute et des dépenses hors effets uniques au premier trimestre, plus faible de manière saisonnière, similaires à celles du 4ème trimestre. Le patron Denis Machuel s'est dit à la fois convaincu d'atteindre l'objectif prévu de réduction des coûts et concentré sur les gains de parts de marché, "avec une productivité et une profitabilité améliorées à travers toutes les unités cette année".

UBS note que les objectifs fixés correspondent aussi aux ambitions de la concurrence. Barclays comme Goldman Sachs relèvent que la croissance organique ajustée des jours de travail est ressortie l'an dernier à 5%, au-delà du consensus mais aussi de celle des concurrents néerlandais Randstad et américain Manpower.

La Banque cantonale de Zurich souligne que le groupe a gagné des parts de marché. De plus, le dividende stable est un bon signe. En revanche, les amortissements liés au franco-belge Akka et les effets uniques élevés sont décevants.

L'action Adecco a bouclé la séance du jour sur un recul de 2,9%, dans un SLI en repli de 0,91%.

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