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Aperçus des marchés
Mise en contexte des actions canadiennes
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Le 30 mars 2022
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Depuis que l'économiste Harold Innis a emprunté une phrase « biblique » pour décrire le Canada comme un pays de « coupeurs de bois et de porteurs d'eau » en 1930, et probablement avant, l'économie canadienne a la réputation de dépendre fortement des ressources qui existent en abondance au pays. Bien sûr, beaucoup de changements sont survenus au cours des 90 dernières années (l'accélération de l'urbanisation, l'expansion du secteur manufacturier, la montée de l'économie numérique, etc.), mais, dans les faits, les ressources continuent d'occuper une place importante dans l'économie canadienne. Il en va de même pour son marché boursier. La pondération combinée des secteurs de l'énergie et des matériels au sein de l'indice composé S&P/TSX s'établit à près de 30 %, tout juste derrière le secteur de la finance et ses grandes banques, selon les données de Bloomberg.

L'autre réalité est que le monde entier ne cesse de croître et d'évoluer sur les plans démographique et économique, et le Canada ne fait pas exception. Dans cet article, nous voulons mettre en lumière certaines des caractéristiques uniques du marché canadien et les répercussions éventuelles à long terme sur l'indice composé S&P/TSX. Les ressources continuent d'avoir une incidence importante sur le rendement du marché canadien, mais elles ne sont pas le seul facteur à exercer une influence. En effet, ce n'est qu'un des facteurs qui expliquent pourquoi le contexte macroéconomique actuel devrait continuer de stimuler l'économie canadienne et les actions canadiennes.

Une approche pragmatique utilisée dans cette analyse (dont tous les faits et les chiffres, y compris ceux mentionnés dans le présent article, ont été compilés par la Banque Scotia d'après les données de Bloomberg) consiste à comparer le rendement des actions canadiennes à celui de leurs homologues les plus évidents, soit les actions américaines. Bien qu'au cours des six derniers mois environ, l'indice composé S&P/TSX ait surpassé l'indice de référence S&P 500 aux États-Unis sur la base du rendement des cours, excluant les dividendes, il faut observer un horizon à long terme qui remonte à 1990 pour que plusieurs différences uniques entre les deux principaux indices nord-américains deviennent évidentes.

La plus manifeste confirme, en partie, que l'économie canadienne demeure fortement axée sur les ressources. Stimulés en grande partie par la présence de titres technologiques très performants, les rendements moyens aux États-Unis ont surpassé les rendements canadiens au cours des 30 dernières années et plus (rendement de 8,5 % aux États-Unis contre un rendement de 5,4 % au Canada, en monnaies locales). Toutefois, fait peut-être plus intéressant encore, l'écart des rendements moyen au Canada est considérablement plus élevé qu'aux États-Unis, pour ce qui est de l'écart moyen entre le meilleur et le pire des rendements pour chaque année et les écarts maximaux et minimaux au fil du temps. De toute évidence, la dépendance de l'économie canadienne (et du marché boursier) à l'égard des ressources a entraîné une volatilité sectorielle accrue au fil du temps. De plus, au cours des années pendant lesquelles le marché canadien a surpassé les États-Unis, comme en 2004 et en 2005, les secteurs de l'énergie et des matériels ont généralement été des moteurs importants de l'avantage relatif du Canada.

Notre analyse montre de quelle façon, aux États-Unis, les secteurs de croissance à long terme ont dominé les rendements à long terme, le secteur des technologies de l'information arrivant en tête, suivi du secteur des soins de santé. Ces secteurs représentent des composantes plus importantes de l'indice S&P 500 que de l'indice composé S&P/TSX. En revanche, les secteurs les plus performants au Canada ont été les secteurs des biens de consommation de base et de la finance. Cela s'explique en partie par la volatilité des secteurs des ressources, mais aussi par le contexte macroéconomique et la composition des secteurs des biens de consommation de base au Canada, qui sont dominés par quelques grandes sociétés en croissance. Il convient également de noter que le secteur des biens industriels, tant au Canada qu'aux États-Unis, a été un élément de diversification de portefeuille efficace et stable. En effet, il n'a jamais été le plus ou le moins performant de l'un ou l'autre de ces pays, mais il se classe historiquement parmi les cinq secteurs les plus performants sur le plan des rendements à long terme.

Comment cela influe-t-il sur la façon dont les investisseurs peuvent percevoir les deux marchés? Traditionnellement, le Canada est considéré comme un marché où il existe des occasions axées sur le bêta, contrairement aux États-Unis, où l'on cherche plutôt des occasions axées sur l'alpha. Autrement dit, le Canada pourrait représenter un moyen plus direct d'obtenir une exposition à la conjoncture économique mondiale que les États-Unis à long terme, qui pourraient être plus isolés des tendances mondiales. Par conséquent, une exposition relative plus élevée au Canada pourrait offrir un potentiel de hausse plus élevé lorsque les secteurs des ressources sont en forte hausse et que les secteurs de croissance à long terme se consolident, ce qui serait probablement le cas si l'inverse se produisait. Jusqu'à maintenant en 2022, ces conditions ont prévalu, mais les investisseurs ne doivent pas oublier que l'éventail des idées de placement aux États-Unis a historiquement offert plus d'options que le marché canadien. C'est pourquoi une stratégie qui utilise les actions canadiennes du secteur des ressources comme une occasion de réaliser des gains dans un portefeuille où les secteurs de croissance à long terme aux États-Unis sont toujours présents pourrait être utile pour certains investisseurs.

Toutefois, lorsque nous tenons compte des conditions macroéconomiques dans notre analyse sectorielle, nous constatons que plusieurs facteurs soutiennent une période de surperformance continue des actions canadiennes par rapport à leurs homologues américaines et mondiales. Premièrement, l'inflation élevée exerce des pressions sur de nombreux ratios de valorisation du marché boursier mondial, mais l'exposition aux ressources d'environ 30 % de l'indice composé S&P/TSX pourrait se traduire par une sensibilité beaucoup moins grande à la compression des ratios. Deuxièmement, lorsque les taux d'intérêt commencent à revenir à la normale, habituellement, le dollar américain se déprécie, ce qui accroît l'effet de levier sous la forme d'une hausse des prix des produits de base (qui sont généralement évalués en dollars américains) et, par conséquent, pourrait procurer des flux de trésorerie plus élevés dans le secteur des ressources.

Mais les investisseurs pourraient-ils s'intéresser au Canada pour des raisons qui vont au-delà de l'importance considérable des ressources? Nous pensons que cela est possible, en raison du fait suivant, peu médiatisé, qui pourrait aider à expliquer certains facteurs favorables pour l'économie canadienne : depuis 2016, la population du Canada croît plus rapidement que celle de tout autre pays du G7, selon les données publiées par Statistique Canada en février de cette année. Compte tenu des politiques d'immigration relativement libérales du Canada et des considérations à long terme, comme l'incidence des changements climatiques sur les tendances de la population mondiale, on peut raisonnablement s'attendre à ce que le nombre de consommateurs et, par conséquent, la consommation intérieure, augmentent plus rapidement que dans les économies des autres pays. Les pays dont la population croît de façon soutenue sont des endroits intéressants pour les investisseurs étrangers qui cherchent à investir des capitaux. Bien entendu, le Canada n'en est pas encore au point où il peut se défaire de sa réputation de producteur de « fournitures de toutes sortes » au monde entier, mais il pourrait graduellement se diriger vers cette position. Si c'est le cas, il sera probablement une destination de plus en plus attrayante pour les placements mondiaux et pourrait représenter une bonne solution à long terme pour les investisseurs à la recherche de régions de croissance.

Mike Archibald est vice-président et gestionnaire de portefeuille à Placements AGF Inc. Il collabore régulièrement àPerspectives AGF.

Renseignez-vous davantage à propos de nos compétences en matière d'investissement fondamental, en cliquant ici.

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Les points de vue exprimés dans cet article sont ceux de l'auteur et ne représentent pas nécessairement les opinions d'AGF, de ses filiales ou de toute autre société apparentée ou affiliée, et ne peuvent être associés à aucun fonds ni à aucune stratégie d'investissement.

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