par Patrick Vignal

PARIS, 17 juillet (Reuters) - Les petites et moyennes valeurs ont plutôt bien résisté à la dislocation des marchés au mois de mars et disposent d'atouts pour renouer plus rapidement que les grandes avec la croissance après la crise du coronavirus, dit-on chez Portzamparc.

"Les indices sur ce segment de la cote évoluent peu ou prou au même rythme que les grandes, ce qui est une performance en soi parce qu'elles ont plutôt tendance historiquement à très largement sous-performer en période de stress", dit à Reuters Vincent Le Sann, directeur général adjoint de la société de Bourse, filiale du groupe BNP Paribas.

"Ces valeurs sont considérées comme risquées car moins liquides, ce qui fait que l'on a tendance à vouloir quitter rapidement ce marché dans ces moments-là, ce qui amplifie la baisse", explique-t-il.

"Cela ne s'est pas passé cette fois-ci parce qu'il n'y a pas eu de sorties massives de fonds, avec peu de décollecte depuis le mois d'avril. Ce qui explique la bonne résistance du segment, c'est qu'il n'y a pas eu de défiance et donc pas de sortie majeure de cash, contrairement aux crises précédentes."

Les grands investisseurs ont estimé que cette classe d'actifs, qui avait souffert depuis près deux ans avec une décollecte importante, méritait d'être conservée malgré un contexte tendu, poursuit Vincent Le Sann avant d'attirer l'attention sur un comportement également plutôt positif de la part des investisseurs particuliers.

"Ces valeurs ont également eu accès massivement, à l'instar de l'ensemble du tissu économique, aux dispositifs de protection qui ont été mis en place, comme les prêts garantis par l'Etat, ce qui a écarté les risques de défauts à court terme", prolonge-t-il.

Certains secteurs ont mieux résisté que d'autres, comme la santé ou la technologie, notamment les jeux vidéo, dont le modèle de commercialisation était adapté au confinement, et aussi les énergies renouvelables, avec des acteurs comme Albioma ou Neoen, explique le dirigeant de Portzamparc.

"Les valeurs moyennes sont très présentes dans ces secteurs et le sont moins dans certains des secteurs qui ont le plus souffert, comme les financières", souligne-t-il.

LES IPO POURRAIENT REPARTIR

La crise du Covid-19 pourrait accélérer des prises de décision concernant le financement des entreprises, dans un environnement où l'accès au financement pourrait devenir plus compliqué, ce qui exige des entreprises qu'elles renforcent leurs fonds propres, ajoute Vincent Le Sann.

"La crise pousse les chefs d'entreprises à prendre des décisions structurelles", dit-il. "On l'a constaté concrètement avec une accélération des rendez-vous liés à des projets d'introduction en Bourse ou d'augmentation de capital pour les sociétés déjà cotées ces dernières semaines. Nous avons trois mandats d'IPO pour le second semestre 2020."

L'apport de liquidité qui se dessine avec les premiers appels d'offre concernant les fonds qui seraient choisis pour porter les produits d'épargne retraite dans le cadre des dispositifs prévus par la loi Pacte est un autre facteur qui devait bénéficier au segment des "small & midcaps", poursuit le directeur général adjoint de Portzamparc.

Les opérations de fusions et acquisitions vont également être un moteur des prochains 18 mois, ajoute-t-il.

"Nous venons de faire une conférence avec un panel d'une cinquantaine d'émetteurs de PME et d'ETI cotées et un tiers d'entre elles n'écartaient pas la possibilité d'être à l'action en termes de rapprochements, ce qui veut dire qu'elles regardent déjà au-delà de la crise avec confiance, tout en indiquant que le niveau d'incertitude demeure élevé sur leur activité au cours des prochains mois", dit-il.

Les entreprises de taille modeste seraient tout aussi vulnérables que les plus grandes si une deuxième vague de coronavirus venait à déferler mais elles sont plutôt mieux placées pour rebondir dans le scénario plus favorable sur lequel les marchés paraissent toujours miser, ajoute Vincent Le Sann.

"Les valeurs moyennes sont en général plus agiles que les grand groupes et plus à même de capter les évolutions des marchés et des modes de consommation", dit-il.

"Elles retrouveront un rythme de croissance plus rapidement que les entreprises de taille plus importante. C'est certainement l'une des raisons pour lesquelles les investisseurs restent positifs sur ce segment de la cote."

(édité par Blandine Hénault)