KAMPALA (Reuters) - Le président ougandais Yoweri Museveni a promulgué lundi l'une des lois anti-LGBTQ les plus sévères au monde, rendant notamment passible de peine de mort pour "homosexualité aggravée" les personnes qui en sont reconnues coupables, malgré les vives protestations de la communauté internationale et la menace de sanctions des créanciers du pays.

La nouvelle loi renforce ainsi la législation anti-homosexuelle adoptée en Ouganda, où les relations entre personnes de même sexe étaient sont illégales, et vise en particulier les lesbiennes, les gays, les bisexuels, les transgenres et les "queers".

Elle prévoit notamment la peine de mort pour l'homosexualité dite "aggravée", qui inclut les relations sexuelles entre personnes séropositives de même sexe, et une peine de 20 ans pour la "promotion" de l'homosexualité.

"Le président ougandais a aujourd'hui légalisé l'homophobie et la transphobie soutenues par l'Etat", a déclaré Clare Byarugaba, une militante ougandaise des droits. "C'est un jour très sombre et triste pour la communauté LGBTIQ, nos alliés et tout l'Ouganda", a-t-elle ajouté.

La promulgation de la loi par le président a d'abord été annoncée sur Twitter par la présidente du parlement, Anita Among, avant d'être confirmé par son porte-parole de Yoweri Museveni.

"Si la présidente du parlement l'a annoncé, c'est qu'il a signé", a déclaré à Reuters Faruk Kirunda, porte-parole de Yoweri Museveni, .

Les autorités ont reconnu que l'Ouganda, qui reçoit chaque année des milliards de dollars d'aide étrangère, pourrait faire l'objet de sanctions en raison de cette législation anti-LGBTQ.

Les Etats occidentaux avaient déjà suspendu une partie de l'aide accordée à l'Ouganda, imposé des restrictions sur les visas pour ses ressortissants et réduit leur coopération en matière de sécurité après la promulgation d'une loi anti-LGBTQ en 2014, annulée quelques mois plus tard par un tribunal national pour des raisons de procédure.

En avril, le gouvernement américain a déclaré qu'il évaluait les implications de cette nouvelle loi pour les activités menées en Ouganda dans le cadre de son programme de lutte contre le VIH, tandis que l'Union européenne, les Nations unies et des dizaines d'entreprises internationales, dont Google, ont condamné la nouvelle législation.

(Reportage Elias Biryabarema ; rédigé par George Obulutsa; version française Diana Mandiá, édité par Claude Chendjou)