Washington (awp/afp) - La courbe vertigineuse de l'inflation aux Etats-Unis s'aplanit lentement: les chiffres de décembre confirment un nouveau ralentissement, avec, pour la première fois depuis mai 2020, une légère baisse des prix sur un mois.

L'inflation CPI, mesure qui fait référence, est tombée à 6,5% en décembre 2022, par rapport à décembre 2021, selon les données publiées jeudi par le ministère américain du Travail.

Entre novembre 2021 et novembre 2022, la hausse des prix avait été de 7,1%.

Ce ralentissement est conforme aux attentes des analystes, selon le consensus publié par MarketWatch.

Et, si l'on compare les prix non pas sur un an, mais sur un mois seulement, la tendance est même à la baisse de 0,1%, pour la première fois depuis que le Covid-19 a mis l'économie américaine sous cloche, il y a près de trois ans.

Une tendance qui "va clairement dans la bonne direction" car cela permet de "donner de l'air aux consommateurs et aux familles", s'est félicité le président américain Joe Biden, estimant que ce ralentissement était aussi "une preuve supplémentaire que (son) plan pour l'économie fonctionne".

Un avis que ne partage pas la sénatrice républicaine Shelley Moore Capito, qui estime au contraire que 6,5% est tout simplement "trop élevé" et le fruit de "deux années de mauvaises décisions politiques du président Biden (qui) continue à faire du mal aux Américains".

"C'est un nouveau petit pas dans la bonne direction", a commenté pour l'AFP Ryan Sweet, chef économiste pour les Etats-Unis chez Oxford Economics, "mais la baisse est attribuable avant tout aux composants les plus volatils de l'indice. La Fed (la banque centrale américaine ndlr) ne peut pas trop s'appuyer dessus comme une source réelle de ralentissement de l'inflation".

Les marchés américains se montraient d'ailleurs hésitants à 16H20 GMT, le Dow Jones progressant de 0,20% alors que le Nasdaq, à forte coloration technologique et le S&P500 étaient de leur côté en baisse, respectivement de 0,46% et 0,17%.

Selon le ministère du Travail, une baisse des prix à la pompe est "le principal contributeur de cette baisse mensuelle", en venant "plus que compenser" la hausse des prix du logement et de l'alimentaire notamment.

"La hausse des prix des dépenses essentielles rend l'inflation difficile à éviter et l'inflation reste un problème majeur pour la plupart des consommateurs", a commenté Neil Saunders, directeur général de GlobalData.

"prix des services inquiétants"

Mais "une chose plus inquiétante est la hausse des prix des services", avertit M. Sweet, "c'est une source d'inflation qui n'a pas encore connu de pic. Pour l'année à venir la véritable question est de savoir si la baisse des prix des biens viendra compenser la hausse des services sur le premier semestre".

Il semble loin néanmoins le mois de juin, lorsque l'inflation atteignait son plus haut niveau depuis 1981, à 9,1% sur un an.

Mais même si cette tendance à la baisse se confirme, la Fed, qui a fait du ralentissement de l'inflation sa priorité, ne criera pas victoire si vite.

Elle veut ramener l'inflation autour de 2%, et privilégie un autre indicateur, l'indice PCE.

L'institution monétaire devrait continuer à faire ralentir l'activité économique, dans l'espoir que la pression sur les prix se desserre durablement. Au détriment de la croissance économique, et, même, au risque de provoquer une récession.

Son taux directeur semble voué à être encore relevé dans les mois à venir, et à rester à un niveau élevé "pendant un certain temps", avait déclaré mardi Michelle Bowman, l'une des gouverneurs de l'institution, reconnaissant toutefois qu'"il est probable" que cela pèse sur l'emploi.

Elle s'était toutefois montrée optimiste sur la possibilité de parvenir à juguler l'inflation sans provoquer de récession.

Même si les consommateurs ont vu s'envoler les taux des crédits, la consommation a jusqu'à présent résisté. L'emploi également, avec un taux de chômage qui a encore reculé en décembre, à 3,5%.

La situation risque toutefois de se compliquer, alertent les analystes.

Les licenciements se multiplient d'ores et déjà dans le secteur de la tech, chez Amazon, Salesforce, Meta - maison mère de Facebook -, Twitter ou encore DoorDash. Et, dans le secteur financier, les banques Goldman Sachs et Morgan Stanley vont également se séparer d'une partie de leurs effectifs.

afp/rp