En 2020 et 2021, la crise sanitaire, ses répercussions économiques mais aussi la reprise rapide, ont exacerbé les disparités, qu'elles soient régionales ou sectorielles. 2022 ne devrait pas faire exception. La croissance va ralentir, sur le chemin de la modération et les différences entre entreprises pourraient persister.

D'abord, les largesses des banques centrales seront réduites et les taux resserrés (aux Etats-Unis en tous cas). Les entreprises auront probablement à faire face à une réduction des liquidités et un renchérissement du coût du crédit (qu'il soit bancaire ou obligataire). Dans ce contexte, les entités les moins liquides et les plus endettées seront plus vulnérables, notamment si elles doivent refinancer tout ou partie de leur dette en 2022. De plus, les valorisations sont sensibles à l'évolution des taux, via le taux d'actualisation des flux futurs. Les entreprises de style Croissance, mettant l'accent sur les bénéfices actuels mais surtout futurs, devraient ainsi être les plus sensibles à la remontée des taux.

Surtout, les entreprises affrontent, depuis plus d'un an un renchérissement des intrants (matières premières, transport, biens intermédiaires) qui met les marges sous pression. Face à cette situation, on peut distinguer trois types de sociétés. D'abord, celles bénéficiant d'un pricing power important leur permettant de transmettre ces hausses de coûts à leurs clients. Ensuite, certaines entités sont capables d'accroître leur productivité pour compenser voire dépasser la progression de leurs charges, à la faveur de l'innovation. Enfin, d'autres sociétés, incapables de transmettre ces coûts ou de les compenser, sont pénalisées et leurs marges sont comprimées.

En 2021, dans un contexte de rebond de l'économie mondiale et d'accélération de l'inflation, la progression des bénéfices des entreprises et des marchés actions a été spectaculaire, tous secteurs confondus. 2022 offre des opportunités et sera, selon toute vraisemblance, aussi marquée par une croissance solide des bénéfices, mais plus modeste. Les analystes s'attentent à une hausse de l'ordre de 7% au niveau mondial (après un pic de 53% en 2021) mais cela cache des disparités importantes. Avec des profits attendus en croissance de plus de 40% en 2022, le secteur de la consommation discrétionnaire dans les marchés à croissance dynamique affiche les meilleures perspectives. A l'opposé, les matériaux seront à la peine, surtout dans cette région où les profits reculeraient de plus de 13% après l'envolée de plus de 221% de 2021. Du côté des marges, les différences sont également marquées. La santé en Suisse, les financières aux Etats-Unis, la tech en Europe ou encore les matériaux dans les pays à croissance dynamique font la course en tête. Au niveau mondial, la tech, les financières, suivi des matériaux se distinguent.

Si la pandémie et ses vagues successives n'ont pas empêché la reprise en 2021, elles ont perturbé les chaînes d'approvisionnement et alimenté la progression des prix. Les incertitudes entourant l'évolution de la situation sanitaire et la poursuite d'une politique zéro Covid en Chine font planner le risque d'une perturbation prolongée de la production. Dès lors, investir dans des entreprises capables de faire face aux hausses de prix, ayant su sécuriser leur approvisionnement et surtout créatrices de valeur ajoutée est crucial.

Dans un contexte de regain de volatilité, de changement de régime d'inflation et de croissance vers plus de modération, plus que jamais, les choix d'investissements devront être fondés sur l'économie réelle et les perspectives des sociétés : les entreprises profitables, innovantes et engagées dans les transitions énergétique, numérique et démographique sont nombreuses et à sélectionner. Elles offrent des opportunités, par la croissance de leur activité et la résilience de leurs bénéfices.

S'exposer à ces entreprises permet aussi de profiter des effets d'entraînement du cercle vertueux des investissements, lequel est renforcé par les plans de relance des deux côtés de l'Atlantique. Si le second volet de USD 1'800 mias défendu par l'administration Biden fait toujours l'objet d'âpres négociations au sein même du camp démocrate, un premier package de 1'200 mias consacrés aux infrastructures physiques a d'ores et déjà été approuvé. En Europe, NextGenerationEurope (EUR 750 mias) est en action et favorise la dynamique des investissements privés, de l'innovation et de la productivité. Investir dans les entreprises créatrices de valeur ajoutée et exposées aux mégatendances permettra de passer à travers la volatilité qui n'est ni le signe de la fin du cycle, ni l'annonce d'une correction durable des marchés, mais le résultat de la modération. Les investisseurs lui préfèrent souvent les phases d'accélération mais elle n'empêche pas de solides perspectives et des opportunités… différenciées.

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BCGE - Banque Cantonale de Genève published this content on 26 January 2022 and is solely responsible for the information contained therein. Distributed by Public, unedited and unaltered, on 26 January 2022 14:16:45 UTC.