(Actualisé avec précisions)
PARIS, 24 août (Reuters) - TotalEnergies est
impliqué dans la vente à la Russie de condensat de gaz, qui, une
fois transformé en kérosène, sert à ravitailler les avions de
combat russes engagés en Ukraine, rapporte mercredi Le Monde.
L'article du quotidien, qui repose sur des informations
compilées par l'ONG Global Witness, indique que les condensats
de gaz sont extraits d'un gisement exploité par l'entreprise
Terneftegaz, détenue à 49% par TotalEnergies et à 51% par
Novatek.
Dans un communiqué, le groupe pétrolier français dit qu'il
"réfute catégoriquement l'ensemble des allégations infondées"
contenues selon lui dans cet article.
"Non, TotalEnergies ne produit pas de kérosène pour l'armée
russe. Non, TotalEnergies n'est aucunement associée à la
fourniture de carburant à l'aviation militaire russe sous
quelque forme que ce soit", assure le groupe.
TotalEnergies rappelle dans son communiqué son statut
d'actionnaire minoritaire de Terneftegaz et explique ne pas être
l'exploitant des installations mises en cause, "qui sont opérées
par du personnel de Novatek au sein de Terneftegaz".
"TotalEnergies n'a ni contrôle, ni information sur les
ventes qui sont ensuite faites par Novatek", ajoute le groupe.
Le Monde dit pourtant avoir réussi à "retracer la chaîne
d'approvisionnement qui mène du gisement de gaz de
Termokarstovoïe, en Sibérie, jusqu'à deux bases aériennes
militaires (Morozovskaïa et Malchevo) abritant chacune un
escadron d'avions de combat multirôle".
Selon Amnesty International et d'autres organisations de
défense des droits humains, ces bases où stationnent des
escadrons de chasseurs multirôles russes ont probablement servi
à mener des frappes contre des civils en Ukraine, notamment à
Marioupol et Kharkiv.
"Total n'a pas nié que le condensat de gaz de sa
coentreprise était finalement raffiné en carburant pour avion
pour l'armée de l'air russe", a déclaré à Reuters Louis Wilson,
conseiller de Global Witness. "L'ignorance n'est pas une
excuse."
TotalEnergies est critiqué pour ne pas avoir suivi l'exemple
d'autres grands groupes énergétiques comme Shell et BP
, qui ont annoncé la cession de tous leurs actifs russes.
L'entreprise française participe à d'importants projets de
gaz naturel liquéfié (GNL) en Russie, comme Yamal LNG et Artic
LNG 2.
(Reportage par Tassilo Hummel, Myriam Rivet et Laetitia Volga,
édité par Tangi Salaün et Bertrand Boucey)