* Un simple test sanguin pour remplacer les biopsies
* Une méthode plus chère, remboursement à l'étude
STRASBOURG, 25 mai (Reuters) - Le laboratoire central
d'immunologie des hôpitaux universitaires de Strasbourg a
inauguré mercredi son unité de traitement du premier test
sanguin d'évaluation du risque de rejet de la greffe cardiaque,
qui traitera pour toute l'Europe les tests de suivi des
personnes vivant avec un c÷ur transplanté.
Mis au point par la société américaine CareDx et
distribué en Europe sous licence exclusive par Diaxonhit
, spécialiste du développement et de la
commercialisation de produits diagnostics in vitro, Allomap,
premier test moléculaire de ce type, peut remplacer les biopsies
du muscle cardiaque auxquelles sont soumis les greffés.
Ces prélèvements constituent une intervention éprouvée mais
jamais sans risque qui doit être répétée jusqu'à quinze à vingt
fois la première année puis ensuite à intervalles plus espacés.
"Ça reste un geste invasif et le fait, pour le patient,
d'obtenir le même résultat avec une simple prise de sang
représente un avantage majeur", affirme Loïc Maurel, président
du directoire de Diaxonhit.
Autre avantage, selon ce médecin, ancien cadre de Sanofi et
Novartis, il permet d'ajuster les doses d'immunosuppresseurs et
donc d'en réduire les effets secondaires.
"C'est la première fois, en biologie moléculaire, qu'une
prise de sang remplace une biopsie. C'est une révolution",
renchérit Sieamak Bahram, professeur d'immunologie à la faculté
de médecine de Strasbourg et chef de service du laboratoire.
REMBOURSEMENT ATTENDU
Là où la biopsie permet une observation cellulaire au
microscope, Allomap traduit, sous la forme d'un score, les
signaux envoyés par les gènes du système immunitaire.
Le laboratoire strasbourgeois a été choisi en raison de sa
centralité mais surtout de la connexité de ses recherches avec
celles de CareDx et de Diaxonhit.
Il pilote notamment le projet Transplantex, retenu par
l'Etat comme "Laboratoire d'excellence" pour l'étude des
mécanismes moléculaires impliqués dans les processus de rejet.
Aux Etats-Unis, où Allomap a été lancé commercialement en
2005 comme test de laboratoire puis validé par la Food and drug
administration en 2008, 16.000 patients, sur 20.000 greffés du
c÷ur, ont déjà bénéficié des tests sanguins.
CareDx, qui centralise elle-même les tests pour l'Amérique
du nord, en a comptabilisé 13.000 en 2015, pour un chiffre
d'affaires de 27,9 millions de dollars, en progression de 8%.
En Europe où, comme aux Etats-Unis, on enregistre quelque
1.500 greffes cardiaques chaque année pour 20.000 personnes
vivant avec le c÷ur d'un autre, Diaxonhit estime pouvoir
atteindre un niveau d'activité comparable, sans se prononcer sur
un chiffre d'affaires, les tests étant achetés à CareDx et les
hôpitaux de Strasbourg rémunérés pour leur prestation.
Si Allomap a obtenu dès 2011 le marquage CE (conformité aux
exigences communautaires), son développement en Europe dépendra
en partie de l'obtention d'un remboursement.
Son coût, d'environ 2.000 euros, est à ce jour deux fois
celui d'une biopsie, selon Loïc Maurel.
Une décision des autorités allemandes est attendue dans les
mois qui viennent tandis que la France vient de lancer une étude
médico-économique pour en décider.
(Yves Clarisse)
© Reuters 2016