La première plainte a été déposée le 17 février par Pierre-Henri Leroy, actionnaire minoritaire du groupe et président de la société de conseil Proxinvest. Elle dénonce de potentiels abus de biens sociaux, manipulation de cours et diffusion d'informations trompeuses.

M. Leroy demande également d'enquêter sur d'éventuels abus de pouvoirs et de biens sociaux imputables directement à Jean-Charles Naouri.

La seconde plainte, pour des soupçons d'escroquerie au jugement, a été déposée le 21 février par Xavier Kemlin, petit actionnaire historique et descendant du fondateur de Casino.

"Le groupe Casino ne peut pas faire de commentaires sur les deux plaintes dont nous avons eu connaissance par voie de presse", a indiqué jeudi un porte-parole du groupe interrogé par l'AFP.

"En effet, nous ignorions le contenu de ces plaintes. Par conséquent, il nous est impossible de faire un commentaire ou d'apporter une contradiction éclairée", a-t-il précisé.

"Infractions boursières"

Avocat des deux plaignants, Me Thomas Amico, a indiqué que ses clients "se posent des questions depuis longtemps sur la licéité de certaines pratiques" au sein du groupe, "notamment en lien avec la procédure de sauvegarde".

Ceux-ci estiment qu'une enquête "pourrait mettre au jour un certain nombre d'infractions boursières et financières au préjudice du groupe, de ses actionnaires, de ses fournisseurs et de ses salariés".

Pierre-Henri Leroy reproche notamment à M. Naouri d'avoir facturé "des prestations de services à toutes les filiales du groupe" via la société Euris, détenue par ce dernier.

L'actionnaire soupçonne que "les prestations facturées ne soient qu'un moyen déguisé de faire remonter des liquidités qui bénéficient in fine à M. Jean-Charles Naouri via le paiement de dividendes", qu'il estime à 5,5 millions d'euros sur les dix dernières années.

En outre, M. Leroy accuse la direction d'avoir menti sur l'existence d'une ligne de crédit de 500 millions d'euros en 2018, pour rassurer les marchés financiers.

La maison mère de Casino, Rallye - détenue par Jean-Charles Naouri - regroupe une cascade de holdings (Foncière Euris, Finatis et Euris), lourdement endettées.

Rallye a bénéficié en mai 2019 de l'ouverture d'une procédure de sauvegarde, qui constitue, pour Xavier Kemlin, une possible escroquerie au jugement.

Celui-ci estime que le surendettement de Rallye aurait dû conduire à un "redressement judiciaire avec dessaisissement de facto de M. Jean-Charles Naouri de l'administration du groupe", détaille la plainte.

En 2019, Rallye avait une dette de 3,2 milliards d'euros (presque autant en francs suisses au taux actuel) et Casino de 7,6 milliards d'euros, selon les plaignants.

afp/fr