MADRID/LONDRES/FRANCFORT (dpa-AFX) - Les inquiétudes concernant le secteur bancaire européen se sont quelque peu apaisées lundi. Après avoir trouvé un acheteur pour la Silicon Valley Bank (SVB), une banque américaine placée sous contrôle public après son effondrement, les investisseurs ont réagi avec un certain soulagement : l'indice sectoriel Stoxx Europe 600 Banks a gagné 0,68% à 139,74 points en fin de matinée, mais est resté légèrement en retrait par rapport à l'ensemble du marché.

Parmi les meilleures valeurs du secteur, les titres de l'établissement espagnol Santander et de la banque britannique Barclays ont tous deux progressé de 1%. En Allemagne, la Deutsche Bank et la Commerzbank ont progressé d'environ 3 % chacune.

SVB, qui a fermé ses portes après l'échec d'une augmentation de capital d'urgence, sera rachetée par First Citizens Bank, dont les actions ont grimpé de 12% dans les échanges pré-bourse aux Etats-Unis. SVB, la banque américaine spécialisée dans le financement des start-up, est passée sous contrôle public le 10 mars. La veille, la liquidation volontaire de la crypto-banque américaine Silvergate Capital avait déjà provoqué une onde de choc dans une partie du secteur financier. D'autres petites banques se sont également retrouvées dans la tourmente, et la Signature Bank s'est complètement effondrée.

Depuis, la crise s'est transformée en séisme bancaire, mettant sous pression les cours des actions des établissements bancaires du monde entier. Le 20 mars, le Stoxx Europe 600 Banks avait chuté à son plus bas niveau depuis novembre dernier, passant brièvement sous la ligne moyenne à 200 jours, très surveillée, qui décrit la tendance à long terme. L'indice se situe actuellement au-dessus de cette ligne.

L'escalade a conduit à une vente d'urgence du Credit Suisse à l'UBS. Vendredi dernier, les valeurs financières européennes ont de nouveau été vendues. Outre de nombreux dirigeants européens, le président américain Joe Biden s'est également efforcé ce week-end d'apaiser les tensions dans le secteur bancaire.

Vendredi, la nouvelle vague d'anxiété a notamment touché de plein fouet les titres de la Deutsche Bank, qui a finalement perdu 8,5 pour cent. L'analyste Nicolas Payen de Kepler Cheuvreux a souligné que "la Deutsche Bank ne deviendra pas le prochain Credit Suisse". L'évolution récente du cours de l'action et de certains dérivés de crédit, appelés "credit default swaps" (CDS) de l'établissement bancaire de Francfort, "ne reflète absolument pas les fondamentaux de la banque, mais une panique injustifiée sur les banques européennes".

La banque américaine Citigroup tient un raisonnement similaire et estime que le marché est "irrationnel" en ce qui concerne la récente chute du cours de la Deutsche Bank. Les assurances contre les défauts de crédit n'ont jamais été aussi chères depuis le début de la pandémie, a expliqué l'analyste Andrew Coombs. Mais rien - ni la question du financement de l'immobilier commercial américain, ni les sanctions contre la Russie - n'explique vraiment ce mouvement. Les prix des CDS sont très volatils. L'expert a toutefois rappelé que le risque de gros titres négatifs pour le moral des investisseurs et des clients était considérable, comme on l'a vu récemment avec le Credit Suisse.

Pour la nouvelle semaine de trading, l'analyste Clemens Bundschuh de la Landesbank Baden-Württemberg s'attend maintenant "à d'autres déclarations nécessaires et rassurantes de la part des hommes politiques et des banquiers centraux. Comme la semaine dernière, la règle est la suivante : le séisme bancaire se poursuit, mais il reste gérable".

Mais selon un trader, il faut maintenant que les prix des CDS pour les banques européennes, qui ont récemment évolué vers les niveaux de la crise de la dette européenne de 2013, se normalisent. Tant que ce miroir de la nervosité des investisseurs ne se normalisera pas, les marchés boursiers dans leur ensemble devraient rester sous pression. En ce qui concerne la Deutsche Bank, le coût de l'assurance crédit a légèrement baissé lundi, après avoir atteint un pic de plusieurs années vendredi.