* Pour croître aux USA, EADS doit passer par des acquisitions

* EADS parle avec un nombre "incroyable" d'entreprises

* Toutes les possibilités sont examinées

par Andrea Shalal-Esa et Tim Hepher

6 mars (Reuters) - EADS étudie des alliances, des rapprochements ou des acquisitions dans le but de parvenir à son objectif de quintupler son chiffre d'affaires aux Etats-Unis, premier marché mondial de l'armement.

EADS s'est fixé un objectif de dix milliards de dollars de chiffre d'affaires aux Etats-Unis (7,6 milliards d'euros), contre 1,8 milliard actuellement. Le chiffre d'affaires consolidé du groupe devrait s'élever à 51,8 milliards d'euros en 2012, selon les analystes interrogés par Thomson Reuters I/B/E/S. EADS publie ses résultats jeudi.

Selon les analystes, le contexte n'a jamais été aussi favorable aussi bien sur le plan des taux de change, qu'en ce qui concerne la croissance du marché de l'aéronautique civile et les valorisations aux Etats-Unis, revenues à des niveaux plus raisonnables avec la baisse des dépenses militaires.

"Nous sommes en permanence à la recherche d'accords de partenariats tous azimuts", a déclaré Sean O'Keefe, le directeur général d'EADS Amérique du Nord lors d'un entretien accordé à Reuters la semaine dernière.

Il a ajouté qu'EADS était en discussion avec un "nombre incroyable" de sociétés américaines qui veulent profiter de son expérience mondiale pour se développer à l'étranger.

REMARQUÉ

Il n'a pas voulu donner d'autres précisions, si ce n'est que le groupe EADS avait été remarqué pour son travail sur un hélicoptère pour l'armée américaine que les dirigeants du Pentagone citent souvent en exemple comme un programme modèle en matière de respect de budget et des dates de livraison.

Prié de dire si EADS exclurait une alliance transatlantique importante pour atteindre son objectif de chiffre d'affaires, il a répondu : "telles que sont les choses actuellement, nous regardons la totalité" des possibilités, y compris une fusion.

EADS a failli procéder à une acquisition d'un milliard de dollars en 2008. Plusieurs personnes proches du dossier avaient dit à l'époque que l'opération prévue concernait le fabricant de matériel militaire Comtech Telecommunications. Les sociétés n'ont jamais confirmé aucune discussion.

Le président exécutif d'EADS Louis Gallois souhaite rendre EADS moins dépendant de la cyclicité d'Airbus. Les ventes du constructeur de l'aéronautique civile ont représenté 64% du chiffre d'affaires d'EADS en 2010. A l'horizon 2020, elles ne devraient plus en représenter que la moitié.

Le successeur désigné de Gallois, l'Allemand Tom Enders, est un dirigeant énergique avec une prédisposition favorisant les liens transatlantiques, selon les observateurs.

"Il y aura un gros effort à fournir pour être plus international à l'avenir. EADS sait que l'avenir n'est pas seulement en Europe s'il veut être compétitif", dit-on de source proche du groupe.

Priée de dire si une alliance ou une fusion avec un grand groupe de défense américain pourrait être envisagée de façon réaliste, la personne a répondu : "il y aura assurément des discussions à ce sujet".

EADS, dont l'Etat français détient 15%, s'est refusé à tout commentaire.

Scénarios : http://r.reuters.com/saz86s (Danielle Rouquié pour le service français, édité par Wilfrid Exbrayat)

Valeurs citées dans l'article : EADS, Comtech Telecomm. Corp.