"Campari a l'habitude d'acheter des marques poussiéreuses et mal aimées au bon moment du cycle". Edward Mundy, l'analyste qui suit les spiritueux chez Jefferies, n'y va pas par quatre chemins quand il s'agit de commenter la transaction. L'opération améliore l'exposition du milanais aux Etats-Unis et son portefeuille d'alcools bruns. Sur la dernière décennie, Courvoisier est à la traîne de ses concurrents Rémy Martin (Rémy Cointreau), Martell (Pernod Ricard) et Hennessy (LVMH). Mais Campari a le réseau et la compétence pour améliorer cela, selon Mundy.

Courvoisier
Positionnement de Courvoisier (Ex Beam Suntory) / Source Jefferies

Chez UBS, Sanjeet Aujla trouve que le prix payé, 21 fois le ratio EV/EBITDA 2024, est élevé. Mais l'analyste souligne que la transaction intervient au bas de cycle du secteur du cognac, et insiste aussi sur l'historique à succès de Campari à intégrer de nouvelles marques. L'acquéreur aura une certaine marge de manœuvre pour repositionner le produit, car Courvoisier est assez bas en matière de prix face à la concurrence, que ce soit sur le VS, le VSOP et ou le XO. Jefferies a aussi commenté le positionnement du groupe en produisant cet graphique, qui montre que Courvoisier est un cognac d'entrée de gamme.

Implications pour Rémy Cointreau

Comme Campari passe pour avoir du flair sur ses timings d'investissement, la transaction trouve un écho positif pour Rémy Cointreau, dont le titre gagne pas mal de terrain en séance. "L'opération Campari-Courvoisier implique un multiple d'environ 3,6 fois pour les stocks arrivant à maturité", note Edward Mundy, ce qui valorise l'action Rémy Cointreau 129 EUR environ en appliquant le même multiple.

UBS

Les prix de Courvoisier aux États-Unis sont nettement inférieurs à ceux de ses pairs dans tous les segments de prix (UBS avec Nielsen)

Quant à savoir si la guerre commerciale va se renforcer, ce ne sera pas forcément le cas à court terme. "Le chevauchement avec Remy est limité étant donné le positionnement plus haut de gamme de Remy. Nous estimons que les revenus du cognac de Remy en 2022 s'élèveront à 500 € par caisse, contre 200 € pour Courvoisier", précise Mundy.