Milan (awp/afp) - L'Italie a connu une croissance nulle de son Produit intérieur brut (PIB) au deuxième trimestre, après une hausse de seulement 0,1% au premier, ce qui laisse craindre une nouvelle possible récession.

La croissance sur le premier semestre est nulle, a précisé l'Institut national des statistiques (Istat) mercredi. Sur le deuxième trimestre, les services ont progressé, mais l'agriculture et l'industrie sont en berne.

En 2018, le PIB italien avait reculé de 0,1% tant au troisième qu'au quatrième trimestre, signant ainsi une "récession technique" unique dans la zone euro.

Pour 2019, la Commission européenne et le Fonds monétaire international (FMI) tablent sur une croissance économique de l'Italie de seulement 0,1%, tandis que le gouvernement prévoit 0,2%.

Mais certains économistes sont encore plus pessimistes, estimant que la troisième économie de la zone euro pourrait de nouveau tomber en récession. Lorenzo Codogno, ancien économiste en chef du Trésor italien et fondateur du cabinet LC Macro Advisors, prévoit ainsi un recul de 0,2% du PIB sur l'année.

L'économie de la péninsule est affectée par le ralentissement de l'activité en Europe, les tensions commerciales entre la Chine et les Etats-Unis, mais aussi par la prudence des entreprises italiennes qui investissent moins, inquiètes à la fois de l'évolution mondiale et de la politique de coalition populiste au pouvoir depuis un an.

Formée de la Ligue (extrême droite) de Matteo Salvini et du Mouvement 5 étoiles (M5S, antisystème) de Luigi Di Maio, celle-ci est traversée de tensions continuelles, ce qui engendre une instabilité constante en terme de politiques adoptées, tandis que les rumeurs d'élections anticipées reviennent régulièrement.

Le gouvernement a eu aussi maille à partir avec la Commission européenne sur son budget, avant de parvenir à un accord sur un déficit public à 2,04% du PIB pour 2019.

"Économie bloquée"

Et les débats s'annoncent vif autour du budget 2020, pour lequel M. Salvini promet de généreuses baisses d'impôts alors que le gouvernement doit déjà trouver plus de 20 milliards d'euros pour éviter une hausse automatique de la TVA.

"Tant de chiffres et une seule conclusion: l'économie italienne est bloquée", s'est désolée l'organisation du commerce Confcommercio, mettant en garde contre une augmentation de la TVA qui "risquerait d'empirer une situation déjà fragile".

Filant la métaphore de la boxe, Lorenzo Codogno estime que l'économie italienne est elle acculée "dans les cordes".

"Une stagnation de fait se poursuit depuis le 2e trimestre 2018", a-t-il expliqué, et ce nouveau trimestre de croissance nulle "s'ajoute à la baisse continue d'indicateurs majeurs".

Le centre d'études spécialisé Promotor n'est pas optimiste non plus: dans les prochains mois, "le système économique italien sera pénalisé par la baisse de l'activité productive en Italie, qui touche aussi et de manière significative la Lombardie, et par la détérioration drastique de la conjoncture de la locomotive allemande".

Dans ce contexte compliqué, le pays a néanmoins connu une bonne nouvelle mercredi: le taux de chômage, passé sous la barre symbolique des 10% en mai, une première depuis sept ans, a poursuivi sa baisse en juin pour atteindre 9,7%. C'est son niveau le plus bas depuis janvier 2012, selon des données provisoires.

Le taux de chômage reste néanmoins toujours très au-dessus de la moyenne de la zone euro, qui s'élevait en juin à 7,5%. Parmi les 15-24 ans, la baisse a encore été plus importante (-1,5 point sur un mois), passant à 28,1%. Mais il demeure là encore extrêmement élevé par rapport au taux de 15,4% de la zone euro.

L'Istat prévoit un taux de chômage de 10,8% en 2019, après 10,6% en 2018, tandis que les analystes tablent sur 10,4%, selon le consensus du fournisseur d'informations financières Factset Estimates.

afp/rp