par Philipp Halstrick et Patricia Uhlig

Dresdner a publié lundi sa plus forte perte d'exploitation trimestrielle en six ans, explicable entre autres par près d'un milliard d'euros de dépréciations.

Commerzbank a convenu voici trois mois de racheter Dresdner pour près de 10 milliards d'euros mais l'opération vaut moins de huit milliards d'euros à présent en raison de la forte baisse de l'action Commerzbank.

"La Commerzbank a acheté beaucoup trop de risque pour un prix beaucoup trop élevé", résume Dirk Becker, analyste de Landsbanki Kepler, ajoutant que les risques sont trop élevés pour pouvoir les évaluer proprement.

Dresdner est la seule des grandes banques allemandes à être restée bloquée dans le rouge depuis pratiquement le début de la crise.

Si les investisseurs s'inquiètent de plus en plus pour la réussite de l'opération, Allianz et Commerzbank n'ont cessé de dire qu'elle se poursuivrait comme prévu. "Nous avons signé un contrat", a tranché le directeur financier d'Allianz Helmut Perlet lors d'une téléconférence.

Commerzbank prendra 60% de Dresdner au début 2009, Allianz décrochant une participation de 19% environ dans Commerzbank, qui montera à près de 30% une fois bouclée la cession de Dresdner.

ANNEES DIFFICILES

Commerzbank a également subi des pertes au troisième trimestre. C'est la première des banques commerciales allemandes à avoir sollicité des fonds publics, au début du mois, à hauteur de 8,2 milliards d'euros pour accroître ses fonds propres.

Commerzbank vise un ratio de fonds propres core de 7 à 9% à moyen terme, ratio qui doit atteindre près de 11% à court terme grâce à l'argent de Berlin. Le ratio de capital Tier 1 de Dresdner était de 8,1% à la fin septembre, assez faible au vu de ce qui se fait internationalement.

Les dépréciations de Dresdner ont atteint près de quatre milliards d'euros durant tout le temps de la crise, soit la moitié environ de celles de Deutsche Bank qui fait quatre fois sa taille à peu près.

La banque d'investissement Dresdner Kleinwort concentre la totalité des dépréciations et Commerzbank compte la restructurer sévèrement.

Mais l'opérationnel même de Dresdner donne quelques soucis aux analystes. Les commissions facturées à la clientèle ont chuté de 17,6% à 547 millions d'euros au troisième trimestre et le produit des intérêts net a diminué de plus de 10%.

Il est déjà prévu de supprimer autour de 9.000 emplois dans l'entité issue de la fusion mais les charges de Dresdner ont augmenté d'un quart à 1,25 milliard d'euros au troisième trimestre, conséquence surtout d'une augmentation des primes des dirigeants à la suite de la reprise par Commerzbank.

Au cours des trois derniers mois, l'action Commerzbank a sous-performé le secteur européen de quelque 40%, illustrant les soucis des investisseurs quant au risque associé à l'achat de Dresdner. Elle a cédé 3,62% à 8,13 euros lundi.

"Commerzbank va connaître des années difficiles", énonce Becker, de Kepler.

Version française Wilfrid Exbrayat