TUNIS (Reuters) - Des centaines de partisans de l'opposition en Tunisie ont bravé dimanche l'interdiction officielle de manifester pour protester contre le président Kaïs Saïed et la vague d'arrestations de figures de l'opposition.

Près d'un millier de manifestants ont rejoindre l'avenue Habib Bourguiba, dans la capitale Tunis, où se tiennent la plupart des rassemblements, en scandant " À bas le coup d'Etat !" et "Liberté pour les détenus".

Le Front de salut national (FSN), la principale coalition d'opposition qui regroupe notamment le parti islamiste Ennahda, et le mouvement "Citoyens contre le coup d'État", exigent la démission du président Kaïs Saïed.

Cette manifestation intervient après des semaines d'arrestations visant des opposants notoires au président, dans le cadre de la première vague de répression majeure depuis qu'il s'est emparé de la plupart des pouvoirs, en 2021, en fermant le Parlement et en gouvernant par décrets.

Par ailleurs, samedi, le puissant syndicat UGTT et des partis alliés ont organisé leur propre manifestation, rassemblant plusieurs milliers de partisans dans les rues contre le président tunisien.

Le gouvernement avait interdit la manifestation de dimanche, mais la police sur place a indiqué aux participants qu'elle ne les arrêterait pas par la force.

"Nous sommes de nouveau ici malgré la campagne d'arrestations visant les figures de l'opposition. Nous continuerons à résister pour libérer les détenus mais aussi pour faire face au coup d'État", a déclaré Nejib Chebbi, un dirigeant du FSN dont le frère a été arrêté.

Depuis qu'il a dissout le Parlement à l'été 2021 et s'est s'octroyé la quasi-totalité des pouvoirs, le président tunisien gouverne par décret et a lancé la rédaction d'une nouvelle Constitution après un référendum au fort taux d'abstention l'an dernier. Ses opposants ont dénoncé un coup d'Etat.

Les récentes arrestations ont également visé le directeur du principal média indépendant de Tunisie, deux juges, un responsable syndical et un homme d'affaires.

(Reportage Tarek Amara, rédigé par Angus McDowall ; Version française Kate Entringer)