New York (awp/afp) - Le conglomérat américain General Electric, cofondé il y a plus de 130 ans par Thomas Edison, a ouvert mardi un nouveau chapitre de son histoire: sa scission en trois sociétés indépendantes, pour leur permettre de se concentrer sur leurs coeurs de métiers très disparates.

Le groupe avait annoncé en novembre 2021 son projet de "spin-off", en plusieurs étapes. Une première scission s'est déroulée en janvier 2023 avec la création de GE Healthcare, regroupant toutes les activités de santé.

La dernière étape s'est concrétisée mardi, avec l'officialisation de l'ultime séparation qui a entraîné la disparition de General Electric au profit de GE Vernova (activités énergétiques) et de GE Aerospace, nouveau nom de feu GE.

Leurs dirigeants ont sonné mardi la cloche d'ouverture de la séance de la Bourse de New York, où elles sont toutes cotées.

Vers 16H00 GMT, GE Vernova gagnait 3,85%, GE Aerospace 1,86% et GE Healthcare cédait 0,68%.

Ces trois entreprises distinctes disposent de leur propre gouvernance et publieront chacune leurs résultats. Sans aucune holding les chapeautant.

"Avec le lancement réussi des trois entreprises indépendantes et cotées désormais achevé, cette journée marque une étape finale historique dans la transformation pluriannuelle de GE", a commenté Larry Culp, patron de GE Aerospace et président de GE Vernova, et ex-patron de GE, cité dans un communiqué.

Parmi les "nombreuses raisons" à ces scissions, l'analyste Neil Saunders de GlobalData cite une volonté de simplification, en se débarrassant d'activités annexes, ou de performance, en se retirant de secteurs à faibles croissance ou rentabilité.

"Derrière tout cela, il y a généralement un objectif de valorisation qui, soit profite au cours de l'action, soit crée de la valeur pour les investisseurs et pour les propriétaires", souligne-t-il.

Et, selon lui, "gérer plusieurs divisions aux activités très disparates est plus difficile pour un conseil d'administration (...) et pour transmettre une vision stratégique auprès des investisseurs".

La scission, c'est également le chemin emprunté par le conglomérat 3M, fabricant du scotch et des post-it, entre autres. Il a annoncé, en juillet 2022, la séparation de ses activités liées à la santé.

Allocations de capitaux

La nouvelle société, baptisée Solventum, a commencé sa cotation lundi sur le New York Stock Exchange (NYSE).

"C'est un jour important pour 3M et pour Solventum", a commenté Mike Roman, patron de 3M, cité dans un communiqué. "Les deux sociétés sont positionnées pour poursuivre leur croissance et leurs plans d'allocation de capitaux respectifs", a-t-il ajouté.

A l'instar de GE, qui a distribué la totalité des actions de GE Vernova aux actionnaires du conglomérat, 3M a réparti l'intégralité des actions de la nouvelle société entre ses actionnaires.

Mais il peut arriver que la "société-parent" conserve une participation, avec l'intention souvent de la monétiser plus tard. C'est ce qu'a fait General Electric avec GE Healthcare, dont il a gardé 19,9% du capital.

Selon une porte-parole du groupe, elle n'est plus que de 6,7% et appartient désormais à GE Aerospace, qui "n'a pas l'intention de la conserver perpétuellement".

Pour le cabinet McKinsey, une activité annexe devenue indépendante peut se développer davantage en faisant affaire avec des entreprises concurrentes de son ancienne "société-parent".

D'autres grands noms de Wall Street ont également choisi ces dernières années de se départir de certaines activités par scissions.

Par exemple, le géant Johnson & Johnson a conservé les activités pour professionnels et a créé en février 2022 Kenvue, coté, pour ses produits grand public.

"Désavantages"

En juin 2021, le géant du petit-déjeuner Kellogg dévoile son intention de se diviser en trois sociétés mais opte, au final, pour deux seulement: WK Kellogg (céréales) et Kellanova (snacks), qui naissent en octobre 2023.

"C'est un bon exemple d'une entreprise qui sépare son activité de céréales, à croissance faible, de l'activité à très forte croissance des snacks", relève Neil Saunders, mais il peut y avoir des "désavantages".

En particulier la perte des économies d'échelles découlant du partage de certaines fonctions structurelles (comptabilité, ressources humaines, etc.) ou d'un effet de taille (assurance santé).

D'après la chaîne CNBC, quelque trente-six opérations de "spin-off" sont prévues dans le monde en 2024.

Le géant britannique de l'hygiène et de l'alimentaire Unilever a annoncé le 19 mars son intention de se séparer de ses glaces - dont notamment Ben & Jerry's et Magnum - du fait de ventes décevantes en 2023.

"Une scission" avec cotation en Bourse "est la voie de séparation la plus probable", a précisé alors Unilever, disant chercher avant tout à "maximiser les rendements pour les actionnaires".

Cette fois, selon Neil Saunders, l'objectif est la simplification car les glaces fonctionnent avec "un modèle opérationnel très différent" des autres produits d'Unilever.

afp/rp