New York (awp/afp) - Le conglomérat américain General Electric (GE) va céder à la société irlandaise AerCap sa filiale de location d'avions GECAS dans une opération à 30 milliards de dollars, qui va donner naissance à un géant dans un secteur bouleversé par la pandémie.

L'opération représente aussi une nouvelle étape dans la transformation de GE, qui prévoit d'éliminer GE Capital, son bras financier, pour se concentrer sur ses activités industrielles et devenir, selon les mots de son PDG Larry Culp, "plus recentré, plus simple et plus solide".

Selon les termes de l'accord, le conglomérat va recevoir 24 milliards de dollars en numéraire, une participation de 46% dans la nouvelle société et un milliard de dollars à la clôture de l'opération.

Au total, AerCap possédera ou gérera plus de 2.000 avions et 300 hélicoptères, achetés à Boeing ou Airbus par exemple, et les louera à environ 300 clients dans le monde.

La fusion intervient alors que le transport aérien vit une crise historique en raison de la pandémie, avec une chute des ventes de billets d'avion et des reports, voire des annulations, de commandes d'avions de la part des compagnies aériennes.

AerCap, comme GECAS, qui avaient chacun dégagé un profit de plus d'1 milliard de dollars en 2019, ont perdu de l'argent en 2020.

Le déploiement de campagnes de vaccinations contre le Covid laisse entrevoir une amélioration prochaine pour les compagnies aériennes, aux finances fragilisées par la pandémie. Un contexte a priori bénéfique pour les loueurs d'avion.

Un rapprochement entre deux géants d'un secteur signifie souvent qu'ils peuvent plus facilement augmenter leurs prix.

Mais les compagnies aériennes ont dans ce cas "toujours beaucoup d'options pour financer leurs avions: en négociant directement avec Boeing et Airbus, en passant par des loueurs d'avions, en empruntant à la banque ou en achetant en cash", remarque Colin Scarola du cabinet CFRA.

Mauvais paris

Avec cette vente, GE poursuit sa mutation, et va utiliser les fonds récoltés pour réduire son énorme dette. Le groupe aura par ailleurs la possibilité "de monétiser sa participation" dans le nouveau groupe "au fur et à mesure que le secteur de l'aviation se redressera", a souligné M. Culp lors d'une conférence téléphonique.

Une fois la transaction terminée, d'ici 9 à 12 mois, il compte avoir réduit la dette de 70 milliards de dollars depuis fin 2018.

GE est engagé depuis plusieurs années dans une cure d'amaigrissement en raison de son endettement élevé et de quelques mauvais paris.

Le plus symbolique fut le rachat pour 15 milliards de dollars en 2015 du pôle énergie du fleuron industriel français Alstom, intervenu en pleine chute des prix de l'électricité de gros et de l'effondrement des commandes des turbines.

GE Capital, la division qui chapeaute GECAS, a de son côté été fortement bousculée dans le sillage de la crise financière de 2008 et a déjà cédé de nombreux actifs.

Aux commandes depuis fin 2018, M. Culp a déjà vendu des activités considérées comme non stratégiques, comme la biopharmacie à Danaher pour 21 milliards de dollars en 2019.

Il souhaite désormais se concentrer sur les secteurs de l'aviation, des énergies traditionnelles et renouvelables et de la santé. Les activités restantes de la filiale GE Capital seront incorporées au coeur de l'entreprise.

GE cherche depuis longtemps à "se concentrer plus sur les activités d'ingénierie, de design, de fabrication de produits, plutôt que sur les façons de les financer", relève M. Scarola.

Mais "il faut peser les avantages d'une réduction de la dette contre la perte d'un business profitable et source de croissance sur le long terme" comme l'étaient la biopharmacie ou la location d'avions, souligne le spécialiste.

La dernière transaction signifie que GE "se concentre plus sur les secteurs de l'aéronautique et de l'énergie, qui ne sont pas en grande forme en ce moment."

Dopées par les rumeurs sur un rapprochement, les actions de GE et d'AerCap avaient gagné du terrain lundi à Wall Street. Dans les échanges électroniques mercredi, AerCap prenait 1,7% tandis que GE cédait 2%.

Le titre de GE a plus que doublé ces six derniers mois à la Bourse de New York. Mais il valait deux fois plus il y a seulement cinq ans, quatre fois plus à son pic il y a vingt ans.

afp/rp