Le cimentier français Lafarge a subi mercredi un coup dur, la cour d'appel de Paris ayant confirmé les accusations de "complicité de crimes contre l'humanité" en Syrie, qui pèsent sur l'entreprise depuis des années.

Un conseiller juridique du Centre européen pour les droits constitutionnels et les droits de l'homme (CEDH), qui est partie à l'affaire, a déclaré à Reuters que la cour d'appel de Paris avait confirmé une décision de la plus haute juridiction française, qui avait déclaré l'année dernière que Lafarge pouvait être mis en examen pour des accusations liées à des crimes contre l'humanité pour avoir maintenu en activité une usine en Syrie après le début du conflit en 2011. Cette décision, qui constitue une nouvelle étape procédurale dans une enquête complexe, ne constitue pas un verdict final sur les crimes en tant que tels.

L'enquête sur Lafarge, qui fait désormais partie de la société Holcim cotée en Suisse, est l'une des procédures pénales d'entreprise les plus vastes et les plus complexes de l'histoire judiciaire française contemporaine.

En 2021, Lafarge a perdu une tentative de rejeter l'accusation de complicité de crimes contre l'humanité dans le conflit syrien lorsque la plus haute juridiction française a déclaré que l'affaire devait être réexaminée, annulant ainsi une décision antérieure. La société a précédemment admis, à la suite de sa propre enquête interne, que sa filiale syrienne avait payé des groupes armés pour aider à protéger le personnel de l'usine. Mais elle a rejeté plusieurs accusations portées contre elle dans le cadre de l'enquête judiciaire française, notamment celle de complicité de crimes contre l'humanité en raison de ses relations avec des groupes militants dans la région, dont l'État islamique.

Si Lafarge était inculpée, cela créerait un précédent historique, car aucune entreprise française n'a encore été jugée pour des crimes contre l'humanité. L'action Holcim était en baisse d'un peu plus d'un pour cent à la mi-journée.

Update : Le groupe Lafarge annonce mercredi qu'il va engager un recours contre la confirmation en appel de sa mise en examen en France pour complicité de crimes contre l'humanité en Syrie.

"Nous sommes convaincus que cette accusation ne devrait pas être portée contre Lafarge SA, qui interjettera appel de cette décision devant la 'Cour suprême' (Cour de cassation)", a déclaré le groupe, qui a fusionné avec le suisse Holcim en 2015, dans un communiqué en anglais.