Et si Ingenico était la prochaine société "fintech" à être rachetée ? Cette question, c'est Bloomberg qui l'a posée cette nuit après avoir obtenu des informations selon lesquelles des fonds d'investissement planchent sur un retrait de la cote. Quelques poids lourds comme CVC Capital Partners, Bain Capital et Hellman & Friedman sont cités, même si aucun n'a voulu, évidemment, s'exprimer. Des acteurs concurrents pourraient aussi regarder le dossier. Ingenico aurait embauché des conseillers pour évaluer les options possibles, apprend-on encore à la lecture de la rumeur propagée par l'agence financière.

Quid de Bercy ?

Un éventuel rachat d'Ingenico pourrait se heurter à un écueil inattendu pour qui ne connaît pas, ou mal, l'histoire du secteur. Il y a huit ans, la société avait déjà fait l'objet d'une offre de rachat de l'américain Danaher, qui la valorisait, disait-on à l'époque, 1,4 milliard d'euros environ (vs. 4,7 milliards d'euros de capitalisation actuellement). La proposition avait été retoquée par le conseil, qui la jugeait trop faible, mais elle aurait aussi fait tiquer l'Etat, qui aurait mis un veto au regard du caractère stratégique de l'entreprise. Il faut dire que Safran possédait encore 22,5% d'Ingenico, qui lui fournissait des solutions de cryptage pour ses produits d'identification biométriques. Mais le secteur a depuis beaucoup évolué vers les paiements mobiles et Safran a cédé ses parts (ainsi que sa division biométrie, du reste). L'Etat mettra-t-il encore son nez dans l'affaire ? Mystère à ce stade, même si Bpifrance sera vigilante, elle qui possède un peu plus de 5% du tour de table.

Orgie d'acquisitions

Une chose est certaine, le secteur du paiement est en ébullition depuis plusieurs mois. Le néerlandais Adyen, introduit en bourse au début du mois, a déjà vu son cours de bourse être multiplié par deux en quelques jours. Et on ne compte plus le nombre d'opérations de consolidation en Europe : Worldline rachetant SIX Payments, Paysafe acquis par CVC et Blackstone, Net et Concardis qui se rapprochent, iZettle croqué par Paypal notamment. Le patron d'Ingenico avait indiqué dernièrement que son groupe se voyait davantage en prédateur qu'en proie. Mais un retrait de la cote avec l'appui d'investisseurs financiers n'est pas incompatible avec un rôle de prédateur. Ni avec un retour en bourse dans plusieurs années.