San Francisco (awp/afp) - Meta, la maison-mère de Facebook, a annoncé mardi avoir supprimé sur le réseau social des milliers de comptes faisant partie d'une importante opération de propagande chinoise en ligne.

La campagne aurait été active sur plus d'une cinquantaine de plateformes et forums, parmi lesquels Facebook, Instagram, TikTok, Youtube ou encore Twitter (rebaptisé X), selon un rapport publié par Meta.

"Nous estimons qu'il s'agit de la plus importante --bien qu'inefficace-- et prolifique opération d'influence dont nous avons eu connaissance jusqu'ici," a affirmé le responsable de la division renseignement sur les menaces mondiales du géant américain, Ben Nimmo.

Les équipes de Meta ont été "capables de remonter jusqu'à des personnes associées aux forces de l'ordre chinoises", a-t-il précisé.

Plus de 7.700 comptes Facebook ainsi qu'une quinzaine de comptes Instagram sont concernés, ce qui en fait la plus importante action de suppression de comptes, a affirmé Meta.

Les équipes de sécurité du groupe ont pu déterminer que les comptes étaient en lien avec une série d'activités de spam (messages non sollicités) qui sont intervenues depuis 2019 et ont été stoppées par Meta.

"Pour la première fois, nous avons été capables de faire le lien entre ces séries et confirmer qu'elles font partie d'une même opération", a ajouté M. Nimmo.

Peu d'audience

Le réseau mis à jour publiait régulièrement des commentaires positifs sur la Chine et la province du Xinjiang, où se trouve la minorité ouïghoure, tout en critiquant les Etats-Unis, la politique étrangère des pays occidentaux, et ceux critiquant le gouvernement chinois "dont des journalistes et chercheurs", selon le rapport.

Le réseau était installé en Chine et ciblait en particulier Taïwan, les Etats-Unis, l'Australie, le Royaume-Uni et le Japon, ainsi que l'audience sinophone à l'étranger.

Les comptes et pages concernés ont été supprimés pour non-respect des conditions d'utilisation des plateformes du groupe mais semblaient disposer de peu d'audience, avec des commentaires signalant majoritairement de fausses allégations.

Les comptes étaient liés à différentes localisations en Chine, avec un rythme d'activité semblant correspondre à des horaires de bureau.

L'opération s'appuyait également énormément sur Medium, Reddit, X, Youtube, Soundcloud et Vimeo, selon l'équipe menaces de Meta.

Opération "Doppelgänger"

Certaines des tactiques employées étaient par ailleurs similaires à celles d'un réseau russe mis à jour en 2019, semblant souligner que ces opérations apprennent les unes des autres, selon Ben Nimmo.

Le rapport de Meta a également réalisé une analyse d'une campagne appelée "Doppelgänger", découverte il y a un an par ses équipes.

Le coeur de l'opération a consisté à réaliser des copies, "doppelgänger" en anglais, de sites web des grands médias en Europe pour publier de fausses nouvelles concernant la guerre en Ukraine puis de la diffuser en ligne, a expliqué le responsable de la politique de sécurité de Meta, Nathaniel Gleicher.

Les entreprises impliquées dans cette campagne, qui a d'abord visé principalement l'Allemagne, la France et l'Ukraine, avant les Etats-Unis et Israël, ont été sanctionnées récemment par l'Union européenne.

"Nous avons pu bloquer leurs ressources opérationnelles sur nos plateformes mais les sites continuent à être actifs", a alerté M. Gleicher.

Il s'agit, selon lui, de l'opération d'influence la plus importante et la plus poussée par la Russie depuis 2017.

afp/rp