Zurich (awp) - Le laboratoire pharmaceutique Basilea a réussi à dépasser ses propres attentes en dépit d'un bénéfice en baisse l'an passé. En 2024, les ventes du Cresemba et du Zevtera doivent continuer à croître. Le regard se tourne aussi vers les Etats-Unis et un feu vert attendu de la part de l'Agence américaine des médicaments (FDA).

Basilea fonde des espoirs sur l'antifongique fosmanogepix racheté l'an dernier à son homologue étasunien Amplyx, aux mains de Pfizer. L'accord avec le géant américain précise que le bâlois parlera en premier avec lui de commercialisation en cas de données positives.

"Comme nous collaborons déjà avec Pfizer sur la commercialisation du Cresemba dans la plupart des pays européens ainsi qu'en Chine et dans la zone Asie-Pacifique, c'est une très bonne option pour nous", a déclaré mardi le directeur général de Basilea, David Veitch, à l'agence AWP, en marge des résultats annuels. Cette étape est toutefois encore éloignée. Deux études de phase III devraient démarrer respectivement mi-2024 et en fin d'année.

Basilea attend aussi la décision de la FDA pour l'anti-infectieux Ceftobiprol, dont la date cible du PDUFA (qui permet à la FDA de percevoir de l'argent de la part des entreprises qui soumettent des demandes de médicaments) est fixée au 3 avril. "Nous comptons conclure un partenariat commercial pour les Etats-Unis avant cette date", a assuré le patron.

L'entreprise compte sur des revenus réguliers. "Grâce à notre situation financière, nous sommes moins fortement dépendants d'un paiement unique élevé au préalable", a ajouté le chef des finances Adesh Kaul.

Dépenses en hausse

L'an dernier, les revenus ont progressé de 6,6% à 157,6 millions de francs suisses, dont 150,3 millions provenant de la commercialisation de ses deux médicaments Cresemba et Zevtera, selon le communiqué du bâlois.

Basilea a dépensé 138,4 millions de francs suisses (+7,1%) dans ses opérations et ses coûts administratifs, dont 77,9 millions (+5,5%) en recherche et développement. Les dépenses administratives, notamment celles liées à la commercialisation de Cresemba et Zevtera, ont grimpé à 33,8 millions, contre 30,8 millions un an plus tôt.

Le résultat d'exploitation s'est amélioré de presque 4% à 19,2 millions, "soit 28% au-dessus des objectifs", souligne l'entreprise. En revanche, le bénéfice net s'est réduit à 10,5 millions contre 12,1 millions en 2022, ce qui est tout de même 75% supérieur à ce qui était escompté. Le bénéfice par action de base a diminué à 0,87 franc contre 1,02 un an plus tôt.

En 2023, un flux de liquidités nettes de 14,2 millions a été généré par les activités opérationnelles, soit le double de l'année précédente. A fin décembre, le groupe affichait des liquidités de 64,3 millions, contre 108,6 millions à la même date en 2022.

Pour 2024, Basilea mise sur une hausse de 20% des recettes de Cresemba et Zevtera ainsi que sur une multiplication par plus de deux du bénéfice net, autour de 25 millions.

Edouard Riva de la Banque cantonale de Zurich (ZKB) note que les pronostics de recettes pour 2024 sont légèrement inférieures au consensus, quand l'Ebit escompté cette année est largement inférieur aux attentes. Basilea table ainsi sur environ 30 millions de francs suisses, quand le consensus vise 49 millions et la ZKB 38 millions.

Baader Helvea juge tant les chiffres que les perspectives d'un bon oeil. Les estimations du consensus pourraient toutefois être trop optimistes.

Brian White de Calvine Partners salue la stratégie de licences de la direction en 2023, qui prépare l'entreprise à la perte d'exclusivité du Cresemba à partir du quatrième trimestre 2027 aux Etats-Unis et en Europe.

Les investisseurs, eux, ont été enthousiastes. Le titre a fini la séance à la Bourse suisse en forte hausse de 8,8% à 36,50 francs suisses, dans un indice SPI en recul de 0,36%.

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