Sanofi, c'est bien connu, dépense moins en R&D que ses pairs. Le budget qu'il y consacre — €6.7 milliards sur chacune des deux dernières années — reste loin derrière les montants engagés par des comparables directs comme Novartis ou AstraZeneca. 

Cependant, son directeur général Paul Hudson annonçait plus tôt cette année son intention d'appuyer sur l'accélérateur, ce que le marché n'appréciait que moyennement puisque cet effort devrait entraîner une légère baisse du profit par action en 2024.

Ce n'est pas la rédaction de Zonebourse qui s'insurgera d'un tel pivot. Le groupe pharmaceutique français s'est caractérisé pendant trop longtemps par un singulier manque d'ambition dans l'innovation, sinon par une docilité trop prononcée aux exigences de ses actionnaires.  

Au jeu des acquisitions, en revanche, Sanofi a fait jeu égal avec Novartis, discuté hier dans ces mêmes colonnes. Le français n'a pas à rougir de sa performance en la matière ; on repense par exemple aux extraordinaires succès de Genzyme ou Regeneron, qui ont largement contribué à le maintenir dans la course.

Sanofi affiche sur l'année écoulée une performance commerciale et financière largement identique à celle de son comparable suisse. Cette dernière se caractérise par une absolue stabilité du profit cash, ou "free cash-flow", qui atteint €8.5 milliards en 2023.

Il est presque curieux de voir les majors pharmaceutiques délivrer une stabilité de leurs résultats digne des "utilities" alors qu'elles réorientent toutes leur stratégie vers la recherche et de le développement de nouvelles thérapies — un exercice coûteux, risqué et soumis à moult aléatoires. 

Du reste, les principaux éléments à retenir pour l'année 2023 ont déjà été discutés dans notre précédent commentaire des résultats de Sanofi, publié le 30 octobre dernier.

On ajoutera simplement que les nouveaux lancements ont dépassé les attentes, en particulier celui du Beyfortus qui génère déjà un demi-milliard de ventes la première année ; que le Dupixent poursuit sa croissance à deux chiffres ; et qu'avec 35 programmes en phase 3 d'ici 2025, le pipeline de Sanofi n'a semble-t-il rien à envier à ses pairs. 

Mention spéciale pour la division santé grand public qui enchaîne son onzième trimestre de croissance consécutif sur un segment de marché pourtant difficile et ultra-concurrentiel. La bonne tenue des ventes est ici soutenue par le succès des franchises Doliprane et Dulcolax, qui prises ensemble représentent la moitié des ventes de la division. 

Sanofi boucle l'année en proposant une nouvelle augmentation de son dividende. Le groupe fait ainsi honneur à une série là aussi ininterrompue depuis exactement huit décennies — caractéristique qui en fait un "dividend aristocrat" de choix. 

Cela n'empêche pas le marché de continuer à valoriser le groupe avec un discount par rapport à ses pairs, même si l'on est encore loin du pessimisme extrême de 2010, lorsque la valorisation était passée sous le seuil symbolique de dix fois les profits. On se souvient en effet qu'à l'époque Sanofi réalisait un tiers de ses profits grâce au Lantus, dont l'expiration du brevet approchait à grand pas.