(Actualisé avec déclaration de la banque centrale russe, actualisation des cours)

par Lidia Kelly et Zlata Garasyuta

MOSCOU, 3 mars (Reuters) - La Bourse de Moscou a chuté de près de 11% lundi et le rouble est tombé à des plus bas historiques face au dollar et à l'euro après l'intervention de la Russie en Ukraine, qui a déclenché des menaces de rétorsions internationales contre Moscou.

La banque centrale russe a relevé son principal taux directeur de 1,5 point en début de journée, à 7,0%, pour tenter de défendre le rouble. Son communiqué ne mentionne pas la situation en Ukraine mais explique que la décision vise à prévenir "les risques pour l'inflation et la stabilité financière liés à la récente recrudescence de volatilité sur les marchés financiers."

Malgré les bruits de bottes en Crimée et les craintes de partition de l'Ukraine, le ton reste toutefois à la recherche d'une solution diplomatique à la crise qui a entraîné la chute du président Viktor Ianoukovitch le mois dernier. La Russie a ainsi demandé lundi en fin de journée une réunion d'urgence du Conseil de sécurité des Nations unies. (voir )

Vers 17h30 GMT, le rouble cédait 1,23% face au dollar , à 36,49, et 1,56% contre l'euro, à 50,25, après avoir inscrit des plus bas record.

L'indice Micex de la Bourse russe libellé en roubles a chuté de son côté de 10,79% à 1.288,81 points et son équivalent en dollar a cédé 12,01% à 1.115,06 points.

Les poids lourds de la cote - à l'image du géant gazier Gazprom - et des banques comme Sberbank et VTB ont accusé des baisses allant de 14% à plus de 17,5%.

"Il y a un mouvement général de vente, les brokers veulent clore leurs positions à tout prix", rapporte Artem Argetkine, trader chez BCS à Moscou.

"Il y a d'abord le sentiment qui est mauvais, puis la crainte de sanctions", renchérit Constantin Gouliaev, analyste à la société de gestion Capital à Moscou.

UNE "VAGUE D'HYSTÉRIE"

Le vice-ministre de l'Economie, Andrei Kiepatch, a dit s'attendre à ce que "l'hystérie" sur les marchés finisse par se calmer.

"Cette vague d'hystérie va passer, mais il est difficile de dire quand", a-t-il déclaré à Reuters. "En tous les cas, ce qui nous attend est une période de confrontation et de difficultés accrues. Pour nous, cela signifiera des relations plus compliquées avec l'Union européenne, les Etats-Unis, avec toutes les conséquences que cela suppose."

Alexis Rodzianko, président de la Chambre de commerce américaine en Russie, juge de son côté qu'il sera difficile d'isoler le pays.

"La Russie sera-t-elle coupée du monde ? C'est très improbable compte tenu de ce qu'elle apporte, qu'il s'agisse de pétrole, de gaz ou de matières premières. Des sanctions sont peu probables car elles nuiraient aux deux parties au bout du compte."

Les échanges commerciaux entre les Etats-Unis et la Russie sont limités mais certains groupes américains sont très présents dans le pays, comme ExxonMobil ou Boeing.

Les intervenants restent sceptiques sur l'impact de la hausse de taux. Selon eux, la banque centrale est intervenue régulièrement la semaine dernière, offrant un milliard de dollars sur le marché dès que le rouble perdait 2-3 kopecks, sans que cela n'empêche la monnaie de dévisser de près de 8% avant même les déclarations belliqueuses de Vladimir Poutine.

Sur la seule matinée de lundi, certains intervenants estiment que la banque centrale a vendu jusqu'à 10 milliards de dollars pour défendre le rouble, soit 2% environ de ses réserves en or et en devises qui se montaient à 493,4 milliards de dollars selon le dernier chiffre connu.

La banque centrale a confirmé avoir renforcé sa présence sur le marché des changes, tout en déclarant qu'elle continuerait à réorienter sa politique monétaire en fonction de son objectif d'inflation une fois que la situation serait stabilisée sur les marchés. Elle est censée laisser le rouble flotter librement à partir de 2015.

La hryvnia, la monnaie ukrainienne, a elle aussi touché lundi un plus bas record contre le dollar, à 10,7010 selon les données Reuters contre 10,8510 à la clôture de vendredi.

Guide du marché actions russe

L'économie russe en graphiques : http://link.reuters.com/dun63s (Avec la contribution de Daria Korsounskaïa, Ian Bateson, Zlata Garassiputa, Polina Devitt et Jason Bush; Véronique Tison et Juliette Rouillon pour le service français, édité par Marc Angrand)

Valeurs citées dans l'article : Bank VTB OAO, Gazprom OAO, Sberbank Rossii OAO