Le titre SFR (>> SFR Group) chute de plus de 5% mercredi à la Bourse de Paris, après la décision inattendue de l'Autorité des marchés financiers (AMF) de bloquer l'offre publique d'échange menée par la holding Altice (>> Altice A) sur le solde du capital de sa filiale française de télécommunications et de médias.

A la mi-journée, l'action SFR perdait 5,2% à 25,13 euros, accusant la plus forte baisse du SBF 120. La valeur avait progressé de 10% depuis l'annonce il y a un mois du projet d'OPE de sa maison mère. De son côté, le titre Altice, coté à Amsterdam, progressait mardi de 0,1%.

La décision de l'AMF constitue un "échec" pour la holding, mais n'est pas un "problème majeur", estime Thomas Coudry, analyste chez Bryan Garnier. Elle est "plutôt une occasion manquée de faciliter l'intégration entre Altice et SFR et d'éviter une dispersion des actionnaires minoritaires".

Conséquence de la décision de l'AMF, Altice a indiqué avoir mis fin à son projet d'OPE. Cet abandon pourrait entraîner un découplage des titres SFR et Altice, alors que la performance de l'action SFR tendait récemment à suivre celle de sa maison mère, ont prévenu les analystes de Goldman Sachs.

Altice déplore une décision sur des "termes économiques"

L'AMF doit prochainement rendre publics les motifs de sa décision. "Rappelons que l'offre était contestée par certains actionnaires, en raison d'une prime très faible", relève Tangi Le Liboux, chez Aurel BGC.

Pour racheter la participation de 22,25% qu'elle ne détient pas encore dans SFR, Altice proposait aux actionnaires du câblo-opérateur d'échanger 8 nouvelles actions Altice de classe A contre 5 actions SFR, ce qui représentait un ratio de 1,6 et une prime de seulement 2,6% sur l'action SFR.

"Par ailleurs, l'AMF a peut-être tiqué sur la gouvernance d'Altice", ajoute Tangi Le Liboux. La holding de Patrick Drahi a introduit l'an dernier une nouvelle catégorie d'actions. Les actionnaires de SFR devaient recevoir des actions Altice A, qui n'ont qu'un seul droit de vote alors que les actions B, réservées à l'homme d'affaires, en ont 25, explique l'analyste.

"J'attends de prendre connaissance de la décision mais je comprends que l'AMF s'est prononcée sur les termes économiques de l'offre, ce que normalement, elle n'a pas à faire", a déclaré le directeur général d'Altice, Michel Combes, dans un entretien aux Echos.

La holding a indiqué qu'elle se réservait le droit de faire appel de la décision de l'AMF près de la cour d'appel de Paris.

-Blandine Hénault, Dow Jones Newswires; +33 (0)1 40 17 17 53; blandine.henault@wsj.com ed : LBO

Valeurs citées dans l'article : SFR Group, Altice A, Altice