La fuite de gaz constatée sur une plateforme de Total (>> TOTAL) en mer du Nord britannique a eu de nouvelles répercussions mardi. Les gardes-côtes britanniques ont établi un périmètre de sécurité autour du site et Royal Dutch Shell (RDSA) a évacué une partie de son personnel situé dans cette zone.

Total a déclaré mardi que la fuite, qui a été découverte dimanche sur l'une des plateformes du champ gazier d'Elgin, se poursuivait, et que le groupe envisageait de forer un puits de secours pour y remédier. Total a fait venir ses experts internationaux ainsi que des experts externes pour trouver une solution.

Il s'agit de l'incident le plus grave survenu en mer du Nord depuis l'incendie qui a détruit, en juillet 1988, la plateforme pétrolière Piper Alpha au large de l'Ecosse, a déclaré mardi Jake Molloy, du syndicat Oil MT, qui représente les employés des plateformes offshore.

L'incendie avait entraîné la mort de 167 personnes. Il est considéré comme la catastrophe pétrolière la plus grave jamais survenue en Europe.

Total a précisé que la fuite du champ d'Elgin n'avait entraîné aucun décès, et qu'elle était située au niveau de la plateforme, et non sur le fonds marin. Le groupe estime qu'elle provient d'une zone de roches gazéifères située au-dessus du réservoir principal du champs d'Elgin, a expliqué Andrew Hogg, porte-parole de Total. La fuite provient d'un puits qui a été percé en 1997 et qui est fermé depuis environ un an, a-t-il également ajouté.

Jake Molloy a indiqué qu'il s'agissait peut-être d'un problème au niveau de la cimentation du puits, comme pour Deepwater Horizon, datant de l'époque où il a été foré, mais a ajouté qu'il était impossible de le vérifier étant donné la profondeur de l'installation.

Total a évacué dimanche tout son personnel et interrompu le fonctionnement de ses installations sur place.

Jake Molloy a indiqué que la construction d'un puits de secours serait un processus long et difficile.

Après l'explosion de sa plateforme dans le golfe du Mexique en 2010, il avait fallu trois mois à BP (BP) pour forer un puits de secours dans des conditions similaires à celles dans lesquelles pourrait se retrouver Total à Elgin.

Le groupe pétrolier a précisé pour sa part qu'il faudrait au moins deux semaines, dans le meilleur des cas, pour colmater la fuite.

L'impact de l'incident sur le marché britannique du gaz naturel se fait déjà sentir, les prix ayant augmenté de 2% depuis le début de la semaine. Ils pourraient continuer à monter si la plateforme reste fermée pour une période prolongée, a indiqué un opérateur britannique.

Le périmètre des émanations gazeuses à la surface de la mer, qui ont été observées à proximité de la plateforme, n'a pas augmenté depuis lundi. Ces nuages de gaz s'étendent sur six miles nautiques, ce qui représente 24 tonnes de condensats, selon les estimations du groupe.

Les vols et la navigation ont été restreints aux abords de la zone concernée.

Shell a également évacué une partie du personnel de sa plateforme de Shearwater et de ses installations de forage Noble Hans Deul, et a suspendu ses opérations de forage par mesure de précaution.

"Il a été décidé de réduire les effectifs [...] jusqu'à ce la situation autour de la fuite d'Elgin ait été éclaircie", a indiqué un porte-parole de Shell.

Jake Malloy a précisé que les employés de Shearwater pouvaient apercevoir le nuage de gaz provenant d'Elgin depuis leur plateforme.

-Sarah Kent, Alexis Flynn et Géraldine Amiel, Dow Jones Newswires; +33 (0)1 40 17 17 67; geraldine.amiel@dowjones.com

(James Herron et Konstantin Rozhnov ont contribué à cet article)

(Version française Emilie Palvadeau)

Valeurs citées dans l'article : TOTAL