Zurich (awp) - Vifor Pharma a vu ses ambitions de croissance contrariées l'an dernier par la réquisition des hôpitaux et centres de soins pour les besoins de la lutte contre la pandémie de coronavirus.

Le chiffre d'affaires s'est érodé de 1,1% à 1,71 milliard, en raison notamment d'effets de changes. Hors variations monétaires, le groupe saint-gallois revendique une croissance de 3,7%, inférieure toutefois aux 5% encore articulés au mois d'août.

Les ventes du Veltassa notamment ont chuté d'un bon dixième à 118,3 millions. A côté des mesures anti-Covid-19, le traitement contre l'hyperkaliémie a rencontré des résistances dans sa tentative de conquête de l'incontournable marché étasunien. "Il est désormais avéré que certaines de nos appréciations sur le marché pour ce médicament acquis en 2016 étaient erronées", a lâché en entretien avec AWP le directeur général Stefan Schulze.

OM Pharma dope la rentabilité nette

A défaut d'assurer sa croissance, Vifor a soigné sa rentabilité. L'excédent brut d'exploitation (Ebitda) s'est enrobé de 18,5% (+29,4% tcc) à 575,8 millions. Le bénéfice net part de groupe a été multiplié par plus de deux à 359,6 millions de francs suisses. Cette explosion de la rentabilité nette s'explique essentiellement par la cession du genevois OM Pharma en septembre dernier, qui a généré un produit net de 190,6 millions.

Le conseil d'administration soumettra aux actionnaires le versement d'un dividende stable de 2,00 francs suisses par titre.

La performance s'inscrit dans le bas des projections du consensus AWP.

Fin décembre, Vifor disposait de 190,6 millions en liquidités, contre à peine 5,7 millions un an plus tôt.

La direction ambitionne de générer sur l'année en cours une croissance de 1 à 5%, assortie d'une progression de près de 10% de l'Ebitda. Vifor vise par ailleurs la conclusion d'au moins deux accords de licence ou acquisitions de produits, voire d'entreprises avant fin décembre. L'objectif à l'horizon 2025 d'atteindre les trois milliards de francs suisses de chiffre d'affaires reste d'actualité.

Ferinject inoxydable

"Nous devrions renouer avec la croissance au plus tard au second semestre de 2021", a assuré le patron. L'optimisme repose principalement sur le Ferinject/Injectafer contre les carences en fer et dont les recettes ont évolué au gré des restrictions et relâchement sanitaires.

La contribution de ce médicament intraveineux a fait fi des mesures sanitaires l'an dernier pour se maintenir au-delà du milliard de francs suisses, profitant notamment d'un accès temporairement facilité pour les patients au troisième trimestre.

Les perspectives brossées par la direction impliquent que les analystes vont devoir raboter leurs projections de recettes pour l'année en cours, tout en reconduisant celles pour la rentabilité opérationnelle, note Olav Zilian, de Mirabaud Securities.

Nonobstant l'assurance par la direction que les produits phares ont connu un rapide rétablissement dès l'allègement des restrictions anti-Covid-19, les ventes du Veltassa contre l'hyperkalémie sont demeurées nettement inférieures aux attentes, tâcle de son côté Bruno Bulic, pour Baader Helvea.

L'analyste du courtier genevois soupçonne l'érosion des recettes du Mircera d'être liée à un accès de surmortalité de patients sous dyalise, récemment mentionné par le partenaire Fresenius Medical Care.

A la Bourse, l'action Vifor a terminé en baisse de 3,3% à 116 francs suisses, dans un SPI en baisse de 0,35%.

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