par Foo Yun Chee

BRUXELLES, 16 janvier (Reuters) - L'Union européenne envisage d'interdire pour cinq ans l'utilisation dans l'espace public de technologies de reconnaissance faciale afin de se donner le temps nécessaire pour mettre au point des garde-fous, selon un projet de la Commission que Reuters a consulté.

Ce livre blanc de 18 pages va être présenté en plein débat sur l'utilisation par les pouvoirs publics de tels systèmes à base d'intelligence artificielle pour des questions de maintien de l'ordre et de sécurité.

En France, Cédric O, le secrétaire d'Etat au numérique, a déclaré en décembre au Parisien http://www.leparisien.fr/high-tech/reconnaissance-faciale-cedric-o-n-est-pas-certain-qu-alicem-soit-un-jour-deployee-24-12-2019-8223705.php que le gouvernement souhaitait "ouvrir une phase d'expérimentation, de six mois à un an", sur l'utilisation de la reconnaissance faciale en temps réel sur les images de vidéosurveillance.

L'exécutif européen juge qu'un durcissement des règles en vigueur pourrait être envisagé afin de préserver les droits des citoyens en matière de respect de la vie privée et de protection des données personnelles.

"A partir de ces dispositions existantes, le futur cadre réglementaire pourrait aller plus loin et inclure une interdiction limitée dans le temps de l'utilisation de technologies de reconnaissance faciale dans l'espace public", écrit la Commission dans ce livre blanc.

Durant cette interdiction, qui pourrait durer de trois à cinq ans, "une solide méthodologie d'évaluation des impacts de ces technologies et d'éventuelles mesures de gestion des risques pourraient être identifiées et développées".

Des dérogations à cette interdiction pourraient être accordées pour des projets dans le domaine de la sécurité et en matière de recherche et développement, poursuit la Commission.

Elle suggère aussi d'imposer des obligations à la fois aux développeurs et aux utilisateurs de systèmes d'intelligence artificielle et elle invite les pays de l'UE à se doter d'autorités de supervision pour garantir l'application des nouvelles règles.

La Commission va solliciter des avis et des réactions à son livre blanc avant de prendre une décision finale, ont dit des responsables.

Margrethe Vestager, commissaire chargée du numérique, devrait présenter ses propositions le mois prochain. (version française Bertrand Boucey)