Après avoir été relégué en catégorie spéculative par les trois grandes agences de notation au cours des deux derniers mois, la Hongrie a vu ses coûts de financement s'envoler et sa monnaie chuter.

Cette évolution a contraint Viktor Orban à solliciter fin novembre l'aide du FMI et de l'UE alors qu'il s'était montré jusque-là farouchement opposé à une telle solution.

La pression internationale s'est accentuée sur l'équipe au pouvoir à Budapest, la Commission européenne ayant menacé le pays de représailles s'il ne modifiait pas une série de lois controversées, dont celle qui, aux yeux de Bruxelles, menace l'indépendance de la banque centrale.

L'exécutif européen estime également que la Hongrie n'avait pas fourni assez d'efforts pour corriger son déficit public, ajoutant que le pays pourrait perdre son accès aux comptes structurels s'il ne faisait pas ce qu'il fallait pour réduire son déficit.

La Commission a précisé que bien que la Hongrie ait formellement respecté l'objectif de déficit à 3% du produit intérieur brut, elle l'avait atteint via des éléments non récurrents et que son équilibre budgétaire structurel se détériorait gravement.

De son côté, Mario Draghi, président de la Banque centrale européenne, s'est dit "très inquiet" de la situation en Hongrie lors de la conférence de presse suivant la décision de la BCE de laisser ses taux d'intérêt inchangés.

Ces considérations de Bruxelles et de la BCE sont intervenues au moment où le ministre chargé des discussions avec la Fonds monétaire international (FMI) s'apprête à rencontrer les dirigeants du FMI à Washington

PAS DE RELÈVEMENT AUTOMATIQUE DE LA NOTE

"Notre approche générale est que nous sommes flexibles et ouverts, prêts à négocier sur tous les points. Mais ce dont nous avons besoin, ce sont des arguments pas des opinions politiques", a dit Viktor Orban à un groupe de journalistes étrangers.

"Nous voudrions avoir des détails plus spécifiques sur les points où ils voudraient voir des modifications et des corrections. Et nous sommes prêts à les examiner."

Viktor Orban doit désormais trouver le juste milieu entre la nécessité de trouver un accord de financement international sans pour autant se mettre à dos la totalité de l'opinion publique.

Selon un sondage Ipsos, la cote de popularité du Fidesz, parti au pouvoir en Hongrie, ne recueille que 16% d'opinions favorables, soit deux points de moins qu'en décembre. L'enquête montre en outre que 57% des électeurs n'ont aucune préférence politique et que 84% jugent la Hongrie sur une voie vouée à l'échec.

Malgré les propos alarmants de Mario Draghi, les intervenants sur le marché semblent confiant de voir Budapest parvenir rapidement à un accord avec le FMI et l'UE.

Le forint hongrois a gagné 1%, à 308 pour un euro, pour atteindre un plus haut de semaines tandis que le gouvernement a réussi à placer sur le marché plus d'obligations qu'il n'avait prévu.

Avec un rendement qui reste supérieur à 9%, le coût de financement supporté par Budapest reste cependant à un niveau difficilement supportable sur la durée.

De son côté, Fitch Ratings a déclaré qu'un accord de financement entre la Hongrie et le Fonds monétaire international (FMI) serait une nouvelle positive mais que cela ne se traduirait pas pour autant nécessairement par une amélioration de la note de crédit du pays.

"(...) Nous aurions besoin de nouvelles conclusions et d'un suivi du dossier mais, à mes yeux, (un accord avec le FMI) ne conduirait pas à une amélioration automatique, qu'il s'agisse de la note ou de la perspective", a dit Matteo Napolitano, responsable chez l'agence de notation.

Avec la contribution de Filip Kochan à Varsovie; Benoit Van Overstraeten pour le service français, édité par Nicolas Delame

par Gergely Szakacs