(Actualisé après publication de la liste des victimes)

par Jessica Resnick-Ault et Chriss Swaney

PITTSBURGH, Pennsylvanie, 28 octobre (Reuters) - Les onze personnes tuées samedi par un homme armé à la synagogue Tree of Life de Pittsburgh, en Pennsylvanie, pendant un office religieux, étaient âgées de 54 à 97 ans, ont fait savoir les autorités américaines.

L'auteur des tirs, un habitant de Pittsburgh nommé Robert Bowers et âgé de 46 ans, qui ne cachait pas son antisémitisme, a été blessé avant d'être arrêté. "Mort à tous les juifs !", a-t-il crié en faisant irruption dans la synagogue, rapporte la chaîne de télévision KDKA, citant des sources policières.

Il sera présenté à un juge lundi après-midi, a déclaré le procureur Scott Brady, lors d'une conférence de presse. "Le fait que cette attaque ait eu lieu lors d'un office le rend encore plus odieux", a-t-il souligné.

Deux frères âgés d'une cinquantaine d'années et un couple de quadragénaires figurent sur la liste des victimes publiée par les autorités. Outre les onze morts, six personnes, dont quatre policiers, ont été blessées. Deux se trouvent dans un état grave.

Vingt-neuf chefs d'inculpation ont été retenus contre Robert Bowers, dont violence avec armes, infraction à la législation sur les armes et violation des lois sur les droits civiques. Plusieurs sont passibles de la peine de mort.

"Nous allons surmonter ce qui s'est passé en ce jour le plus sombre de l'histoire de Pittsburgh en coopérant", a déclaré le maire de la ville, Bill Peduto.

Dans la semaine qui a précédé la tuerie et à quelques jours des élections de mi-mandat, qui auront lieu le 6 novembre, des colis piégés avaient été envoyés à plusieurs personnalités du Parti démocrate, dont l'ancien président Barack Obama, et à des détracteurs de Donald Trump.

TRUMP ACCUSÉ DE DIVISER

Bowers a publié de nombreux articles antisémites sur internet, dont le dernier a été diffusé samedi matin. Il y reprochait en outre au président de ne pas avoir fait le nécessaire pour empêcher les juifs de "contaminer" les États-Unis.

Dans celui qu'il a envoyé samedi matin, il accuse l'Hebrew Immigrant Aid Society, d'"attirer les envahisseurs pour tuer notre peuple".

"Je ne peux pas rester les bras croisés à regarder mon peuple se faire massacrer. Ajuster vos lunettes, j'y vais", ajoute-t-il.

L'antisémitisme "doit être condamné et combattu partout où il se présente", a souligné samedi Donald Trump. Le président avait estimé un peu plus tôt que la fusillade n'avait pas grand chose à voir avec la législation sur les armes à feu et a assuré que les choses auraient été différentes s'il y avait eu des agents de sécurité dans la synagogue.

Pour le maire de Pittsburgh, le meilleur moyen d'éviter les violences, c'est de faire en sorte que les déséquilibrés n'aient pas accès aux armes.

"Nous ne devrions pas essayer de minimiser les risques liés aux comportements irrationnels, mais nous efforcer d'éliminer ces comportements et d'empêcher ceux qui veulent perpétrer ce genre de carnages d'acquérir du pouvoir", a-t-il déclaré à la presse.

Le député démocrate Adam Schiff a quant à lui reproché dimanche à Donald Trump d'attiser la haine et les tensions. "Je pense sincèrement que tout le modus operandi de ce président est de nous diviser. Il se lève tous les matins avec de nouvelles idées pour le faire", a-t-il déclaré sur un plateau de CNN.

A Jérusalem, une minute de silence a été observée dimanche lors du Conseil des ministres israéliens. "La nation d'Israël dans son entier se joint au deuil des familles des victimes de l'effroyable massacre de la synagogue Tree of Life de Pittsburgh", a déclaré le Premier ministre Benjamin Netanyahu. (Avec Suzannah Gonzales à Chicago, Doina Chiacu et Susan Cornwell à Washington, Rich McKay à Atlanta; Pierre Sérisier pour le service français)