LE CAIRE, 28 mars (Reuters) - Le Hamas et le Djihad islamique ont dit jeudi avoir attaqué les forces israéliennes regroupées autour de l'hôpital Al Chifa de la ville de Gaza à l'aide de roquettes et de mortiers.

L'armée israélienne a déclaré quant à elle poursuivre ses opérations dans les environs de l'établissement qu'elle a pris d'assaut il y a plus d'une semaine, accusant les groupes armés palestiniens de s'y être retranchés.

Dans un communiqué, Tsahal a assuré que ses forces avaient tué 200 combattants palestiniens depuis le début de son opération "tout en évitant de nuire aux civils, aux patients, aux équipes médicales et à l'équipement médical".

Selon le ministère de la Santé de Gaza, administré par le Hamas, des patients et blessés ont été rassemblés dans un bâtiment administratif d'Al Chifa qui n'est pas équipé pour les soigner. Cinq patients sont morts depuis le début du raid israélien faute de soins, de nourriture ou d'eau, a-t-il dit.

Al Chifa, le plus grand hôpital de la bande de Gaza avant le début de la guerre entre Israël et le Hamas le 7 octobre, était encore partiellement opérationnel avant les derniers affrontements. Il hébergeait aussi des personnes déplacées.

Des images circulant sur les réseaux sociaux, que Reuters n'a pu authentifier, montrent son unité de chirurgie noircie par les flammes et des appartements voisins en feu ou détruits.

Dans un communiqué, les branches armées du Hamas et du Djihad islamique disent avoir "bombardé, par un barrage d'obus de mortier, les regroupements de soldats israéliens dans le voisinage du complexe d'Al Chifa" lors d'une action conjointe.

Dans un communiqué distinct, le Djihad islamique ajoute avoir visé un char israélien à l'aide d'une roquette anti-char à l'extérieur de l'hôpital.

L'armée israélienne a déclaré que les combattants palestiniens tiraient sur ses troupes de l'extérieur comme de l'intérieur du bâtiment des urgences de l'établissement.

Le Hamas nie utiliser des bâtiments civils pour se protéger des attaques israéliennes, comme l'en accuse Israël.

D'après le dernier bilan fourni par le ministère de la Santé de Gaza, 32.552 Palestiniens ont été tués depuis le début de l'offensive israélienne lancée en représailles aux raids du Hamas contre des villages et kibboutz et un festival de techno dans le sud d'Israël le 7 octobre, qui ont coûté la vie à environ 1.200 Israéliens, civils pour la plupart.

Plusieurs milliers d'autres victimes palestiniennes seraient ensevelies sous les décombres des bâtiments détruits par les bombardements israéliens et plus de 80% des 2,3 millions d'habitants de l'enclave ont été chassés de chez eux par les combats et sont menacés de famine.

COMBATS À KHAN YOUNÈS

Dans le sud de la bande de Gaza, les forces israéliennes continuent d'encercler les hôpitaux Nasser et Al Amal à Khan Younès, et d'autres secteurs sont sous le feu israélien, rapportent des habitants.

Le Croissant-Rouge palestinien a annoncé que sept de ses employés arrêtés lors d'un raid sur l'hôpital Al Amal le 9 février avaient été libérés après 47 jours passés dans les geôles israéliennes.

Parmi eux figure le directeur des services ambulanciers de la bande de Gaza, Mohamed Abou Moussabeh. Huit membres du Croissant-Rouge sont toujours détenus, a-t-il précisé dans un communiqué.

L'armée israélienne a annoncé de son côté l'arrestation par les forces spéciales de dizaines de combattants palestiniens dans le secteur d'Al Amal et la saisie d'explosifs et de fusils d'assaut.

Selon l'Organisation mondiale de la Santé (OMS), l'hôpital Al Amal a cessé de fonctionner en raison des combats, et il ne reste que dix hôpitaux opérant partiellement dans la bande de Gaza, sur les 36 hôpitaux que comptait l'enclave avant la guerre.

"Une fois de plus, l'OMS demande la fin immédiate des attaques contre les hôpitaux de Gaza et appelle à la protection des personnels soignants, des patients et des civils", a déclaré sur la plate-forme X le directeur général de l'agence onusienne, Tedros Adhanom Ghebreyesus.

A Rafah, à la pointe sud de l'enclave, face à la frontière égyptienne, où plus d'un million d'habitants du territoire se sont réfugiés, une frappe aérienne israélienne sur une maison a entraîné la mort de huit personnes.

Israël répète son intention de lancer un assaut terrestre sur Rafah, où il pense que la plupart des combattants du Hamas se sont retranchés, une offensive à laquelle s'oppose son premier allié, les Etats-Unis. (Avec James Mackenzie, Gabrielle Tétrault-Farber à Genève, Jean-Stéphane Brosse pour la version française)

par Nidal al-Mughrabi