La monnaie unique précipite son repli, pénalisée par le ralentissement d’indicateurs économiques majeurs, les divergences de politique monétaire ou encore une résurgence des inquiétudes en provenance d'Italie.

Le taux de croissance en zone Euro recule à +0.4% au premier trimestre de cette année contre +0.7% au cours des trois derniers mois de l'exercice précédent. L'inflation s'éloigne encore un peu plus de la cible de la BCE (proche mais inférieure à 2%) en pointant à un modeste +1.2% sur un an au mois d'avril. Hors secteurs volatils de l’énergie et de l’alimentation, les prix à la consommation ne progressent même que de +0.7% sur douze mois (contre +1% en mars). Le taux de chômage n’apporte pas davantage de satisfaction en freinant son recul et en se stabilisant à 8.5%, un niveau élevé dans la conjoncture mondiale actuelle. Un tableau qui n’est pas de nature à relancer les spéculations autour d’une hausse de taux prématurée de la BCE.

Le rapport mensuel sur l'emploi américain a au contraire fait ressortir un taux de chômage au plus bas depuis fin 2000 (3.9%) malgré des chiffres globalement mitigés. Si la dernière réunion de la FED n’a pas apporté d’éléments nouveaux, Jerome Powell a estimé, dans un discours prononcé à Zurich en début de semaine, que les attentes des investisseurs étaient en ligne avec les anticipations du comité. Le successeur de Janet Yellen sous-entend ainsi que la banque centrale américaine procèdera bien à trois, voire quatre hausses de taux au total en 2018 et que les marchés ne devraient pas être surpris.

Sur le front politique, la décision du Président de la République italienne, Sergio Mattarella, de former un gouvernement « politiquement neutre » jusqu’à la fin de l’année met en exergue l’instabilité au sein de la péninsule transalpine. Suite aux dernières élections législatives italiennes qui n'ont pas permis de dégager une majorité, la troisième économie européenne se cherche toujours un chef.

Enfin l'annonce par Donald Trump du retrait des Etats-Unis de l'accord nucléaire iranien n'a en revanche pas influencer les échanges sur la paire.

Graphiquement, la monnaie unique franchit un nouveau palier à la baisse, effaçant 1.1950 en clôture quotidienne et évoluant désormais en territoire négatif par rapport au Dollar en 2018. Mais alors qu’il oscille dans des niveaux inédits depuis cinq mois, l’Euro pourrait désormais trouver un peu de soutien au contact de 1.1820, puis plus probablement de 1.1743, seuil vers lequel le contexte fondamental actuel pourrait l’amener à plonger.