Tokyo (awp/afp) - La Banque du Japon (BoJ) a conservé mardi sa politique monétaire toujours ultra-accommodante, renvoyant ainsi à 2024 de nouvelles étapes sur le lent chemin de sa normalisation.

La BoJ a maintenu son taux de court terme négatif (rivé à -0,1% depuis 2016) et a conservé son plafond "référence", c'est-à-dire flexible, de 1% pour les rendements des obligations publiques japonaises à dix ans.

Le yen a aussitôt nettement faibli face au dollar après ce statu quo: le billet vert valait 143,55 yens vers 03H15 GMT, contre environ 142,70 yens juste avant les annonces de la BoJ.

La Banque centrale japonaise semble moins sous pression qu'il y a encore quelques semaines pour resserrer rapidement sa politique monétaire.

Car la chute du yen face au dollar, qui devenait préoccupante, a connu un coup d'arrêt depuis la mi-novembre, et les rendements obligataires nippons à dix ans sont en décrue après avoir frôlé 1% entre fin octobre et tout début novembre, un nouveau plus haut depuis 2013.

L'inflation et la croissance économique continuent de ralentir aux Etats-Unis, confortant l'idée que la Réserve fédérale américaine (Fed) est arrivée à la fin de son cycle de resserrement monétaire.

Or, l'écart grandissant entre les politiques monétaires américaine et japonaise était le principal facteur du plongeon du yen face au dollar depuis l'an dernier et de la poussée des rendements obligataires nippons.

L'inflation au Japon reste au-delà de la cible de 2% hors produits frais de la BoJ (2,9% en octobre), mais les économistes s'attendent à ce qu'elle ralentisse à partir de novembre, dont les chiffres seront connus vendredi.

Presque inexistante dans le pays depuis les années 1990, l'inflation y a refait surface avec la flambée des prix mondiaux de l'énergie en 2022 après le déclenchement de la guerre en Ukraine.

Même si l'inflation japonaise résiste plus longtemps qu'initialement prévu, la BoJ continue de penser qu'elle n'est pas réellement durable pour l'heure, faute d'être accompagnée par une croissance suffisamment robuste de l'économie et des salaires.

"Il est trop tôt pour juger si une dynamique positive entre les salaires et les prix a été fermement établie" ou non, a aussi souligné l'économiste d'UBS Masamichi Adachi dans une récente note.

Pour s'en assurer, la BoJ va surveiller de très près les prochaines négociations salariales de printemps ("shunto"), a rappelé M. Adachi.

Il table par conséquent sur un début de normalisation monétaire en avril prochain, voire plus tard si la croissance des salaires s'avère "décevante" et si la consommation des ménages reste faible au premier trimestre 2024.

afp/jh