Londres (awp/afp) - L'inflation a baissé plus qu'attendu au Royaume-Uni, à 3,4% sur un an en février, alimentant les attentes de baisses de taux de la Banque d'Angleterre (BoE) ces prochains mois, même si elle reste la plus élevée du G7.

Ces chiffres sont scrutés de près par la BoE, qui doit se prononcer jeudi sur sa politique monétaire et maintient depuis des mois un taux directeur élevé, à 5,25%, pour tenter de ramener l'inflation à son objectif de 2%.

Un taux directeur élevé se traduit pour les particuliers comme les entreprises britanniques par une flambée des coûts du crédit, notamment immobilier, ce qui pèse sur des ménages déjà éprouvés par l'inflation et la crise du pouvoir d'achat qui en résulte.

"Le marché intègre désormais une probabilité plus élevée d'une baisse des taux en juin", selon Russ Mould, analyste chez AJ Bell, qui table en revanche sur un statu quo de la Banque d'Angleterre jeudi.

L'inflation britannique a nettement reculé depuis son pic à plus de 11% fin 2022, et se trouve désormais à un "plus bas depuis septembre 2021", a relevé l'Office national des statistiques (ONS) dans son rapport mensuel mercredi.

Elle a aussi ralenti plus que prévu par les analystes, qui anticipaient en moyenne une inflation à 3,5% en février. Elle reste cependant la plus élevée des pays du G7, même si l'écart se réduit avec les Etats-Unis, où l'inflation est remontée à à 3,2% sur un an le mois dernier.

"Les données encourageantes" de mercredi "placent la banque centrale en position de réduire les taux à partir de l'été", estime Yael Selfin, économiste du cabinet de conseil KPMG UK.

La BoE pourrait "opter pour une approche attentiste" jeudi, alors que des risques persistent, comme un marché du travail encore tendu ou "les perturbations en mer Rouge qui pourraient entraîner une certaine résurgence de l'inflation" en renchérissant le coût du transport des marchandises, a-t-elle souligné.

Les prix alimentaires se calment

Les prix alimentaires, qiu ont flambé l'an dernier, se sont stabilisés et "ont été le moteur principal de la baisse" de l'inflation le mois dernier, a expliqué sur le réseau X Grant Fitzner, économiste en chef de l'ONS, ajoutant que les tarifs dans les cafés et restaurants grimpent également moins vite.

"Cela ne signifie pas que la vie devient moins chère, elle devient simplement plus chère à un rythme plus lent", a commenté Sarah Coles, analyste chez Hargreaves Lansdown.

Les prix alimentaires ont ainsi augmenté de 5% sur un an en février contre une envolée de 18% affichée un an plus tôt, selon les données de l'ONS.

"Une poignée d'articles baissent, notamment le lait, le fromage, le beurre, le poisson et la confiture", mais de manière générale, "les aliments et les boissons augmentent", bien que plus lentement, et de nombreux Britanniques continuent d'"acheter moins de nourriture pour joindre les deux bouts", d'après Mme Coles.

L'ONS note également que des hausses des prix des carburants à la pompe et la poursuite de l'augmentation des coûts de location immobilière ont attisé l'inflation en février, sans que cela ne suffise à inverser la dynamique de baisse.

Le ministre des Finances britannique, Jeremy Hunt, a salué le ralentissement des hausses de prix, un coup de pouce pour le gouvernement conservateur à quelques mois d'élections législatives pour lesquelles il est donné largement perdant dans les sondages.

L'inflation "a non seulement chuté de manière décisive, mais elle devrait atteindre l'objectif de 2% d'ici quelques mois", ce qui ouvre notamment la voie à l'ambition du gouvernement "de stimuler la croissance", a-t-il assuré.

L'économie britannique, tombée en récession fin 2023, a repris de l'élan en janvier avec une croissance de 0,2% sur un mois, tirée par le commerce et la construction.

afp/jh