Paris (awp/afp) - La démission du Premier ministre italien plombait la Bourse de Milan et ajoutait un peu plus d'incertitude sur les marchés mondiaux, déjà dans l'expectative d'une hausse des taux de la Banque centrale européenne (BCE), la première depuis 2011.

En Europe, Paris montait de 0,40% vers 12H45, mais Londres (-0,53%) et Francfort (-0,26%) se montraient plus prudentes.

La Bourse de Milan reculait elle de 1,34%, secouée par la crise du gouvernement italien. Le SMI prenait 0,22% (à 13h18).

En Asie, Hong Kong a perdu 1,51%, lesté par les craintes concernant l'économie mondiale et par la baisse du secteur technologique dans le sillage de l'amende de 8 milliards de yuans infligée au géant du VTC Didi par le régulateur chinois.

À Wall Street, les contrats à terme des principaux indices laissaient présager une ouverture proche de l'équilibre.

En Italie, M. Draghi a remis sa démission au président Sergio Mattarella, qui "en a pris acte" et pourrait prononcer dans la foulée la dissolution du parlement et convoquer des élections anticipées à l'automne.

Pour Ipek Ozkardeskaya, analyste chez SwissQuote, cela signifie "le chaos politique au moins jusqu'à" la date des élections.

Ce départ était attendu après la défection mercredi de trois partis importants de la coalition d'unité nationale. Ainsi, les actions et obligation italiennes souffraient déjà depuis l'ouverture des marchés et l'officialisation de la démission n'a pas bouleversé la tendance.

Le taux de la dette italienne à 10 ans grimpait de plus de 13 points de base pour atteindre 3,508% vers 10H40 GMT. Et l'écart entre ce taux et son équivalent allemand, qui fait référence en zone euro, passait de 215 points mercredi soir à 229 points jeudi, signe de la nervosité des marchés face à l'incertitude régnant dans la troisième économie de la zone euro.

C'est dans ce contexte que la BCE devrait annoncer la première hausse de ses taux directeurs depuis 2011.

"25 ou 50" points de base ? "Telle devrait être la question décisive aujourd'hui", commente Jürgen Molnar, de Robomarket. Une hausse de "25 points de base est annoncée et ne surprendrait personne (...) Une hausse plus importante des taux d'intérêt serait un signal fort", ajoute-t-il.

La présidente de la BCE Christine Lagarde devrait aussi présenter l'outil "anti-fragmentation" de l'institution, visant à parer une éventuelle distorsion entre les taux d'emprunt des pays de la zone euro.

"L'instabilité politique en Italie n'aide pas la BCE à gérer les coûts d'emprunt italiens", souligne Michael Hewson, analyste de CMC Markets.

Au milieu de ce contexte, l'euro hésitait entre hausse et baisse. Vers 12h40, il grappillait 0,08% à 1,0188 dollar.

Chute du pétrole

Les prix du pétrole chutaient jeudi, lestés par un bond des réserves d'essence aux États-Unis impliquant une baisse de la demande, quand la production de brut a repris en Libye après trois mois de perturbations.

Le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en septembre perdait 4,89% à 101,62 dollars vers 12h40.

Celui de West Texas Intermediate (WTI) américain pour livraison en septembre, dont c'est le premier jour d'utilisation comme contrat de référence, baissait de 4,60% à 95,24 dollars.

Une salve de résultats à digérer

Le groupe suédois de l'électroménager Electrolux a enregistré une chute de son bénéfice net de 81%, affecté par des problèmes d'approvisionnement, et perdait 7,47% à Stockholm.

À l'inverse, l'équipementier télécoms finlandais Nokia grimpait de 6,96% après l'annonce d'un bénéfice net en hausse de 31% au deuxième trimestre par rapport à la même période en 2021 et vise maintenant la partie haute de ses prévisions de ventes nettes.

La plateforme de livraison de courses britannique Ocado perdait 3,85% à Londres après la publication de pertes et de revenus en baisse pour le premier semestre.

Le gaz coule à nouveau

Bonne nouvelle pour l'économie européenne, la Russie a rouvert le robinet du gaz vers l'Europe, mais l'incertitude demeure sur les quantités acheminées, réduites à 40% des capacités de livraison par Gazprom mi-juin.

Le prix du gaz naturel européen de référence, le TTF néerlandais, se détendait et reculait de 5,83% à 146 euros le mégawattheure vers 12h40.

afp/fr