* Steve Ballmer partira au plus tard dans un an

* Un comité spécial doit recruter un successeur

* Un actionnaire activiste avait plaidé pour le changement

* Ballmer était critiqué à Wall Street

* L'action Microsoft en hausse de plus de 7% (avec précisions, nouveau commentaire, cours actualisé)

par Bill Rigby et Sinead Carew

SEATTLE/NEW YORK, 23 août (Reuters) - Le directeur général de Microsoft, Steve Ballmer, a annoncé vendredi son prochain départ à la retraite, mettant un terme à treize années controversées à la tête du numéro un mondial des logiciels, dont l'action gagnait plus de 7% après cette décision inattendue.

La gestion de Steve Ballmer, qui avait succédé en 2000 à Bill Gates, co-fondateur de Microsoft dont il était l'ami et le confident, a été mise en cause par les investisseurs comme par les spécialistes du secteur alors que le pionnier des systèmes d'exploitation pour PC se voyait distancé par les nouveaux géants du portable et de l'internet comme Apple ou Google.

Aujourd'hui âgé de 57 ans, Steve Ballmer a certes triplé le chiffre d'affaires et plus que doublé les profits déjà impressionnants de Microsoft depuis son arrivée à la tête du groupe mais le cours de l'action n'a pratiquement pas bougé au cours des dix dernières années et reste très loin du plus haut ajusté de 59,97 dollars atteint à la fin 1999, avant l'éclatement de la bulle internet.

Il y a quelques semaines, Microsoft a annoncé une importante réorganisation et publié des résultats reflétant les faiblesses de plusieurs de ses activités, parmi lesquelles les tablettes Surface, dont les ventes restent décevantes, et le système d'exploitation Windows 8, qui a reçu un accueil mitigé.

Le départ annoncé de Steve Ballmer intervient en outre peu après la prise d'une petite participation dans Microsoft par le fonds d'investissement activiste ValueAct Capital Management qui réclamait un changement de stratégie et un plan de succession clair à la tête de l'entreprise.

Aucun candidat ne s'impose d'emblée pour succéder à Steve Ballmer à la tête d'un groupe qui n'a connu que deux directeurs généraux en 38 ans d'histoire. De nombreux cadres dirigeants prometteurs ont quitté l'entreprise ou ont été mis sur la touche par Steve Ballmer, qui avait un temps laissé entendre qu'il entendait rester en poste jusqu'en 2017.

"NOUVEAU CAP"

La réorganisation annoncée le mois dernier vise à faire de Microsoft - qui est aujourd'hui essentiellement un éditeur de logiciels - en une société commercialisant à la fois des produits et des services, un modèle qui a fait le succès d'Apple.

Mais de nombreux observateurs estiment que ce plan intervient trop tard, même si Microsoft a réaffirmé vendredi la validité de cette stratégie.

"Mon projet initial sur le calendrier aurait été de prendre ma retraite à la mi-temps du processus de transformation de notre entreprise en une société spécialisée dans les matériels et les services", a déclaré Steve Ballmer dans un communiqué. "Nous avons besoin d'un directeur général qui sera là à plus long terme pour ce nouveau cap".

Bien que la gestion de Steve Ballmer ait fait l'objet de critiques depuis quelques temps, les analystes ont été surpris par sa décision.

"Oui, c'était une surprise surtout au regard de la proximité avec la transformation stratégique vers les équipements et les services récemment annoncée", a déclaré Sid Parakh, analyste chez McAdam Wright Ragen.

Le départ de Steve Ballmer interviendra dans les douze mois, une fois qu'un comité spécial du conseil d'administration aura désigné son successeur.

Ce comité, qui sera dirigé par John Thompson, le principal administrateur indépendant du groupe, comprendra Bill Gates ainsi que d'autres administrateurs. Il étudiera aussi bien des candidatures externes qu'internes et travaillera en collaboration avec le cabinet de chasseurs de têtes Heidrick & Struggles International.

Après une ouverture en hausse de près de 8,6% par rapport à la clôture de jeudi, l'action Microsoft gagnait 7,38% à 34,78 dollars à une heure de la clôture de Wall Street.

Le groupe, là encore comme Apple, est sous pression pour distribuer à ses actionnaires une part plus importante de sa trésorerie, qui s'élève actuellement à 77 milliards de dollars.

"Cela pourrait accélérer une distribution plus favorables aux actionnaires de ce trésor de guerre, ce qui favoriserait la revalorisation de l'action à des niveaux plus appropriés", estime Todd Lowenstein, du fonds HighMark Capital Management, qui détient des titres Microsoft.

Steve Ballmer lui-même possède un peu moins de 4% du capital du groupe selon les données Thomson Reuters. (Wilfrid Exbrayat et Marc Joanny pour le service français, édité par Marc Angrand)