New York (awp/afp) - La Bourse de New York a terminé en forte baisse vendredi à l'issue d'une deuxième séance d'affilée en dents de scie, déprimée par le ralentissement des consommateurs américains, préoccupés par l'inflation.

Le Dow Jones a perdu 1,34%, l'indice Nasdaq a lâché 3,08% et l'indice élargi S&P 500 s'est replié de 2,37%.

Après une journée de jeudi en montagnes russes, la place new-yorkaise avait poursuivi son rebond technique de la veille en début de séance.

Mais la dynamique a vite été étouffée par plusieurs indicateurs macroéconomiques, notamment les ventes de détail, qui sont ressorties stables en septembre alors que les économistes espéraient une hausse de 0,2% sur un mois.

"L'inflation élevée et la montée des taux d'intérêt ont forcé les consommateurs à faire preuve de davantage de discernement dans leurs achats", a décrypté Oren Klachkin, d'Oxford Economics.

Mais les investisseurs ont surtout relevé les données de l'enquête de l'université du Michigan sur la confiance des consommateurs.

Si l'indice général s'est affiché au-dessus des attentes en octobre, à 59,8 points contre 58,6 en septembre, les consommateurs américains voient désormais une inflation à 5,1% à un horizon d'un an, contre 4,6% en septembre.

En moyenne, les personnes interrogées tablent sur une inflation à 2,9% d'ici 5 à 10 ans, contre 2,7% en septembre.

"La chose que la Fed (banque centrale américaine) ne veut pas voir, c'est la montée des anticipations d'inflation", a commenté Quincy Krosby, de LPL Financial. Or, "elles ont évolué dans la mauvaise direction."

L'accélération des anticipations d'inflation est un phénomène redouté par les banquiers centraux car il est susceptible de créer une spirale inflationniste qui prolonge la hausse des prix dans le temps, voire l'aggrave.

Dès lors, "on s'attend à ce que la Fed continue sa campagne agressive" de relèvement des taux d'intérêt, et à ce que le chemin vers la stabilisation des prix soit difficile pour les marchés", selon Quincy Krosby.

Les opérateurs continuent de recalibrer leurs anticipations en matière de politique monétaire et voient désormais le taux directeur de la Fed à près de 5% en avril prochain.

Les taux obligataires se sont raffermis vendredi, avec la perspective d'un resserrement monétaire encore plus marqué qu'attendu. Le rendement des emprunts d'Etat américains à 10 ans s'inscrivait à 4,02%, contre 3,94% la veille.

Pour Art Hogan, de B. Riley Wealth Management, cette remontée des taux obligataires a contribué à refroidir les marchés actions.

Pour Maris Ogg, de Tower Bridge Advisors, les investisseurs vont être particulièrement attentifs, outre les données macroéconomiques, aux prévisions des entreprises lors de la saison des résultats qui vient de débuter.

Si elles sont prudentes "et que les actions ne bougent pas ou montent, cela montrera qu'on n'est pas loin de la fin du marché baissier" (bear market), selon l'analyste.

Pas moins de quatre banques américaines majeures ont publié leurs résultats trimestriels vendredi avant Bourse.

Les résultats de JPMorgan Chase (+1,66% à 111,19 dollars), au-dessus des attentes que ce soit pour le chiffre d'affaires ou le bénéfice net, ont été salués. Le PDG Jamie Dimon a néanmoins prévenu: "il y a des vents contraires significatifs directement face à nous", que ce soit l'inflation, le resserrement monétaire en cours ou la guerre en Ukraine.

Son rival Citigroup (+0,65% à 43,23 dollars) a, comme JPMorgan Chase, profité du dynamisme de la banque de particuliers pour compenser la décélération des activités de banque d'investissement, handicapées par un resserrement des conditions de crédit et l'incertitude sur la trajectoire de l'économie.

Tant son chiffre d'affaires que son bénéfice net sont ressortis en baisse, mais supérieurs aux attentes.

Autre établissement bancaire à publier ses résultats vendredi, Wells Fargo (+1,86% à 43,17 dollars) a fait mieux qu'attendu sur son chiffre d'affaires, en partie du fait de la remontée des taux d'intérêt, qui lui permet de restaurer ses marges.

Quant à Morgan Stanley (-5,07% à 75,30 dollars), qui n'a pas de banque de détail, elle a souffert du mauvais climat pour les activités de marché et publié un chiffre d'affaires assez nettement inférieur aux prévisions des analystes.

La chaîne de supermarchés Albertsons a reculé (-8,45% à 26,21 dollars) après l'annonce de son rachat par son concurrent Kroger, pour 24,6 milliards de dollars, dette comprise.

Le cours du titre s'est quasiment aligné sur le prix proposé par Kroger, soit 34,10 dollars, dont sera déduit un dividende exceptionnel de 6,85 dollars, ce qui porte le montant effectivement offert par action à 27,25 dollars.

Le mariage va donner naissance à un mastodonte de la grande distribution, avec près de 5.000 magasins et 710.000 employés.

afp/rp