* Obama ne prolongera pas les baisses d'impôts pour les plus riches

* Les dirigeants d'entreprise s'inquiètent de l'impact sur l'économie du "mur budgétaire" (Actualisé avec d'autres déclarations d'Obama, Wall Street)

par Andy Sullivan

WASHINGTON, 14 novembre (Reuters) - Le président américain Barack Obama a déclaré mercredi que les républicains devront accepter une hausse d'impôts pour les Américains les plus riches comme premier point d'un accord visant à éviter un catastrophe budgétaire susceptible de refaire plonger les Etats-Unis en récession.

Lors de sa première conférence de presse depuis sa réélection la semaine dernière, Barack Obama s'est dit prêt à prendre en compte des points jugés prioritaires par le camp républicain tel la réforme du droit et la révision du code fiscal dans le cadre de cet accord.

Mais le président américain a réaffirmé, comme il l'a fait tout au long de sa campagne, que la frange de la population la plus aisée devait être soumise à un taux d'imposition plus élevé, comme celui qui était en vigueur dans les années 1990.

"Quand je pense aux 2% d'Américains les plus riches, ce que je ne ferai pas c'est de prolonger des baisses d'impôts pour des gens qui n'en ont pas besoin alors que cela coûte près de 1.000 milliards de dollars (à l'Etat fédéral)", a déclaré Barack Obama.

Les déclarations du président américain et l'opposition réaffirmée par plusieurs responsables républicains à toute hausse des impôts annonce une période d'incertitudes de plusieurs semaines, même si Barack Obama s'est dit convaincu que les deux parties pouvaient trouver une solution équilibrée d'ici la fin de l'année sur les échéances budgétaires.

Le S&P 500, un des principaux indices de Wall Street, a perdu plus de 5% sur les six dernières séances, principalement en raison des interrogations des investisseurs sur la perspective d'un accord au sujet du "mur budgétaire".

LES RÉPUBLICAINS VUS RESPONSABLES D'UN ÉVENTUEL ÉCHEC

L'expression mur budgétaire ("fiscal cliff") recouvre la coïncidence, en début d'année prochaine, entre la fin des exonérations fiscales décidées sous George Bush et prolongées pour deux ans en 2010 et la mise en oeuvre de coupes automatiques dans les dépenses publiques prévues par l'accord de 2011 sur le relèvement du plafond de la dette.

Selon les estimations du Congressional Budget Office, l'organisme parlementaire bipartisan de contrôle des finances publiques, si aucun accord n'est trouvé, cette combinaison de hausses d'impôts et de baisse des dépenses estimée au total à 600 milliards de dollars pourrait faire replonger les Etats-Unis dans la récession.

Les républicains et les démocrates sont d'accord pour ne pas toucher au taux d'imposition des classes moyens et des ménages aux revenus modestes, la crispation se faisant sur la fiscalité des plus fortunés.

Selon les sondages, le président américain a l'opinion publique de son côté, une étude Pew Research Center/Washington Post montrant que les électeurs tiendraient les républicains responsables d'un éventuel échec des discussions.

Les républicains ont montré des signes d'ouverture, notamment par le voix de leur chef de file à la Chambre des représentants John Boehner, disant que les niches fiscales et les déductions profitant aux plus riches pourraient être remises à plat.

Tout en prenant acte des propositions du camp opposé, Barack Obama a souligné que ces seules mesures ne suffiraient pas à résorber les déficits.

Après sa conférence de presse, Barack Obama devait rencontrer plusieurs dirigeants d'entreprise, dont le directeur général de General Electric Jeff Immelt, celui de Dow Chemical Andrew Liveris ou encore celui d'Honeywell International David Cote.

Tous ces dirigeants ont déjà publiquement exprimé des opinions proches de celles du président américain au sujet de la manière d'éviter le mur budgétaire.

Mais tous les dirigeants d'entreprise ne partagent pas ce point de vue, comme en témoigne la lettre publiée par la Chambre de commerce américaine, signée par plus de 200 organisations patronales, exhortant Barack Obama à équilibrer le budget par de nouvelles baisses de prestations sociales plutôt que par des augmentations d'impôts.

Les relations entre Barack Obama et la communauté des affaires n'ont pas été au beau fixe pendant son premier mandat et bon nombre de dirigeants d'entreprise, notamment dans le secteur financier, avaient exprimé leur soutien à Mitt Romney, candidat républicain malheureux à l'élection présidentielle. (Benoit Van Overstraeten pour le service français)