par Erik Kirschbaum

La chancelière allemande Angela Merkel, qui doit affronter une opinion publique majoritairement hostile à un renflouement de la Grèce, a durci le ton, dimanche, à l'encontre des promesses de soutien de l'UE.

Dans une interview à la radio Deutschlandfunk, elle a fait valoir que la Grèce n'avait pas besoin d'une aide financière et jugé inutile que cette question figure en tête de l'ordre du jour du sommet européen de jeudi et vendredi prochains.

"Je ne pense pas que la Grèce ait besoin d'argent pour le moment et le gouvernement grec l'a confirmé. C'est pourquoi je plaide pour que nous ne provoquions pas de turbulences sur les marchés en faisant naître de faux espoirs pour le conseil de jeudi", a-t-elle dit.

"L'aide ne sera pas à l'ordre du jour de la réunion de jeudi car la Grèce a dit elle-même qu'elle n'avait pas besoin d'aide pour le moment", a ajouté la chancelière qui sera confrontée en mai à des élections régionales.

Dans une interview au quotidien allemand Handelsblatt, José Manuel Barroso a répliqué que l'Union européenne devait régler en urgence les problèmes de la Grèce "quels que soient les agendas politiques des Etats membres".

L'EURO SOUFFRE DES INCERTITUDES

"Garantir la stabilité de l'union monétaire est dans l'intérêt de l'Allemagne", déclare le président de l'exécutif européen dans une interview à paraître lundi. "Je suis certain que l'Allemagne apportera une contribution positive pour résoudre la crise actuelle."

De son côté, le président du Conseil italien, Silvio Berlusconi, a déclaré dimanche à Reuters que l'Italie était "totalement favorable" à une aide de l'Union européenne à la Grèce.

"Je pense que si, au sein de l'Union européenne, il n'y a pas de volonté d'aider un pays qui a la devise européenne et qui est confronté à une crise, alors l'Union européenne n'a pas de raison d'exister", a-t-il déclaré par la suite devant des journalistes à Florence.

Les atermoiements des Européens ont fait tomber l'euro à 1,3502 dollar vendredi, son plus bas niveau depuis plus de deux semaines.

L'écart de rendement entre les emprunts d'Etat allemands et les obligations de référence grecques a terminé la semaine à 325 points de base, au plus haut depuis près de trois semaines.

Certains membres de la zone euro estiment qu'il revient aux Européens d'aider la Grèce à se sortir de ses difficultés financières mais d'autres, dont l'Allemagne, n'excluent pas de faire appel au Fonds monétaire international.

L'Allemagne craint notamment que le déblocage d'une aide directe ne crée un précédent dangereux pour les autres pays de la zone euro lourdement endettés.

Jusqu'à présent, la Grèce n'a pas sollicité officiellement un soutien financier auprès de ses partenaires européens mais elle n'a pas exclu de se tourner vers le FMI si aucune solution européenne n'est trouvée.

Le secrétaire général de l'Organisation pour la coopération et le développement économiques (OCDE), Angel Gurria, a estimé dimanche qu'une aide conjointe de l'UE et du FMI serait le meilleur moyen de venir en aide à Athènes.

"Je considère que le meilleur moyen consiste à combiner les aides, les financements et les garanties. Dans cet ensemble, j'inclus aussi bien le FMI", a-t-il dit dans une interview au quotidien grec Kathimerini.

Le président allemand Horst Köhler, ancien dirigeant du FMI, a estimé de son côté qu'il était temps de "penser l'impensable" et de mettre en place un mécanisme pour les pays qui ne sont plus capables d'honorer leurs dettes.

Avec Stephen Jewkes et George Georgiopoulos, Gwénaelle Barzic pour le service français