Zurich (awp) - Les prix du pétrole ont poursuivi leur course folle mercredi matin. La hausse était stimulée cette fois par l'embargo sur le pétrole russe décrété la veille par les Etats-Unis et le Royaume-Uni, tandis que le conflit ukrainien ne montre aucun signe d'apaisement.

Vers 08h20, le prix du baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en mai, le plus échangé à Londres, progressait de plus de 2% à 130,56 dollars, après avoir atteint mardi soir 127,98 dollars. En sept jours, le cours a bondi de 15,6% et de 42,8% sur un mois. En glissement annuel, les tarifs ont quasiment doublé (+92,2%).

Quant baril de West Texas Intermediate (WTI) américain avec échéance en avril, il gagnait 1,7% à 125,85 dollars, après s'être affiché à 123,70 dollars mardi en soirée.

Le cours du gaz européen de référence, le TTF néerlandais, fléchissait en revanche, cédant 5,6% à 215,55 euros le mégawattheure (MWh). En l'espace d'une semaine, ce dernier a décollé de 76,3%.

Embargos américain et britannique

Mardi, le président américain Joe Biden a annoncé un embargo sur les importations de pétrole et de gaz russes aux Etats-Unis, sous la pression des élus du Congrès. Quasiment simultanément, le Royaume-Uni a annoncé l'arrêt de ses importations d'énergie russe d'ici fin 2022, par la voix du ministre britannique des Entreprises et de l'énergie Kwasi Kwarteng.

"L'impact immédiat a été marqué", a commenté, dans une note, Borjnar Tonhaugen, Brent et WTI prenant plusieurs dollars dans la foulée des annonces. "C'était déjà un peu intégré par le marché", a tempéré John Kilduff, de la firme de conseil en investissement Again Capital. "Ni les Etats-Unis ni le Royaume-Uni n'importent des montants significatifs de brut ou de produits raffinés russes."

"Il va être difficile de compenser l'offre russe durant les prochains mois", a anticipé, dans une note, Edward Moya, analyste d'Oanda, une bonne partie du pétrole russe étant déjà soumis à un embargo de fait des acteurs du marché. "Tous les gros titres laissent penser que les prix vont continuer à monter."

L'Agence américaine d'information sur l'énergie (EIA) a revu sensiblement en hausse mardi ses estimations de production américaine pour cette année et l'an prochain. L'EIA table désormais sur 12,03 millions de barils par jour (mb/j) en 2022, contre 11,80 jusqu'ici, et sur 12,99 mb/j en 2023, soit au-dessus de son niveau de 2019 (12,23 mb/j), qui constituait un record.

Pour autant, si la production américaine continue de croître progressivement depuis plusieurs mois, les producteurs restent réticents à accélérer franchement, par crainte d'un retournement du marché. En outre, quand bien même elles le voudraient, les compagnies sont actuellement handicapées par des problèmes d'approvisionnement en matériel, comme beaucoup d'autres entreprises du fait de la pandémie de coronavirus.

"Les difficultés d'approvisionnement rendent très très difficile toute tentative de croître maintenant et à un rythme élevé", a assuré la directrice générale d'Occidental Petroleum, Vicki Hollub, lors de la conférence CERAWeek organisée à Houston (Texas).

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