Paris (awp/afp) - Le renforcement des sanctions financières à l'encontre de la Russie, dont l'exclusion des plus grandes banques du pays du système Swift, faisait chuter les marchés lundi, la situation provoquant une forte hausse des matières premières.

Wall Street réagissait à son tour à l'ouverture aux annonces du week-end. L'indice phare, le Dow Jones, baissait nettement de 1,14% vers 15H GMT, l'indice élargi S&P 500 de 1% et le Nasdaq, à coloration technologique, baissait de 0,26%.

Les Bourses européennes reculaient fortement: Francfort perdait 2,04%, Paris 2,63%, Milan 2,93%, et Londres 1,28%. L'indice européen de référence, l'Eurostoxx 50, lâchait 2,68%. La Bourse de Moscou était de son côté fermée, sur décision de la Banque centrale russe qui craint de voir les titres russes s'effondrer.

En Suisse, l'indice vedette SMI limitait les pertes (-0,17%), après une ouverture en forte baisse.

Les Occidentaux, rejoint par le Japon, ont notamment décidé l'exclusion de nombreuses banques russes de la plateforme interbancaire Swift, qui permet aux établissements financiers de communiquer rapidement et en toute sécurité au sujet de transactions.

En conséquence, "la Russie s'est isolée des marchés financiers occidentaux et, petit à petit, elle est laissée pour compte, hors de portée des réseaux transactionnels essentiels", dit Susannah Streeter analyste chez Hargreaves Lansdown.

L'accès de la Banque centrale russe aux marchés des capitaux a également été restreint, la présidente de la Commission européenne souhaitant "paralyser" ses actifs, entraînant lundi la chute du rouble à des records historiques de faiblesse face au dollar et à l'euro.

Peu avant l'ouverture de Wall Street, Washington a interdit avec effet immédiat toute transaction avec l'institution monétaire russe.

Concrètement "aucune banque du G7 ne sera en mesure d'acheter des roubles russes", précise Michael Hewson, qui craint "un énorme choc inflationniste en Russie".

La Banque centrale russe a annoncé relever très fortement son taux directeur, de 10,5 points à 20%, "et a ordonné aux entreprises exportatrices russes de vendre 80% de leurs recettes en devises sur le marché pour tenter de soutenir le rouble", souligne Susannah Streeter de Hargreaves Lansdown.

Des délégations russe et ukrainienne ont entamé lundi des pourparlers pour tenter de stopper la guerre en Ukraine, au cinquième jour de l'invasion de l'Ukraine.

Les matières premières flambent

Vers 14H50 GMT, le baril de pétrole WTI bondissait de 3,74% à environ 95 dollars et celui du Brent de 2,75% à 100,62 dollars.

Sur le marché européen du gaz naturel, le contrat de référence s'envolait de 12,26%.

D'autres matières premières s'envolaient également: le blé tendre prenait 4,39%, le palladium 6,29% et l'aluminium a battu un nouveau record à 3.525 dollars la tonne. La Russie et l'Ukraine sont des pays essentiels pour l'approvisionnement en matières premières cruciales.

Les entreprises dépendantes de ces approvisionnements reculaient fortement: TotalEnergies chutait de 6,80% et, dans le secteur minier, Polymetal perdait 52,66%, Petropavlovsk 24,13% et Evraz 26,45%.

Le pétrolier BP (-5,94%) s'est désengagé du géant russe Rosneft (-39% dans sa cotation à Londres), dont il détenait une participation de 19,75%.

Les banques à la peine

Selon l'Union européenne, environ 70% du secteur bancaire russe est actuellement exclus du système Swift. La Banque centrale européenne a constaté la "faillite ou faillite probable" de la filiale européenne de la banque russe Sberbank, à cause de retraits "significatifs". A Londres, où une partie de son capital est coté, Sberbank chutait de 70%.

Vers 14H45 GMT, les banques européennes en pâtissaient: Société Générale perdait 11,5%, BNP Paribas 8,28%, Commerzbank 8,62%, Deutsche Bank 6,77%, Unicredit 12,29% et l'autrichienne Raiffeisen 19,4%.

L'aérien en tension

La Russie a annoncé lundi restreindre les vols de compagnies aériennes de 36 pays en réponse à la fermeture de l'espace aérien de nombreux Etats aux avions russes.

Dans le sillage de ces annonces, les entreprises du secteur aérien chutaient fortement. A Francfort le numéro 1 mondial du tourisme TUI chutait de 6,5% et EasyJet de 5,75%. A Paris, Airbus perdait 3,54%, à Londres, IAG, maison mère de British Airways, chutait de 4,35%.

Le dollar recherché

L'euro baissait nettement face au dollar, considéré comme une valeur refuge en temps d'incertitude, et s'échangeait à 1,1229 dollar (-0.35%) vers 14H40 GMT. Les investisseurs se tournaient aussi vers les obligations d'Etat pour réduire leur exposition au risque. Le taux d'intérêt de la dette américaine à 10 ans reculait de huit points de base à 1,88%. L'or en profitait aussi (+1,33% à 1.914 dollars l'once).

Le bitcoin montait de 4,88% à 39.255 dollars.

afp/al