Aujourd’hui, nous nous intéressons à l’écart de taux entre les emprunts d’État d’un pays donné, en l’occurrence l’Italie, et ceux de l’Allemagne, pays considéré comme la référence du taux sans risque. Cet écart de taux est communément appelé « spread » auquel on peut ajouter le qualificatif « souverain » en référence aux pays qui le composent.

Pour comprendre l’utilité de la démarche, il est nécessaire de faire un petit rappel des conséquences de la politique monétaire en lien avec les théories macroéconomiques et financières.

Lorsque la Banque Centrale Européenne décide d’enclencher une série de relèvement de ses taux directeurs, on peut s’attendre à une hausse généralisée de l’ensemble de la structure des taux d’intérêts à court et long terme des obligations d’État, des obligations d’entreprises et du financement bancaire. Selon la théorie financière, l’augmentation des obligations d’État allemandes se traduit par un élargissement des spreads avec les pays les plus endettés, dont l’Italie fait partie. Pourquoi me direz-vous ? Tout simplement car en tant qu’investisseur, vous bénéficiez désormais d’un rendement sans risque (via l’Allemagne) identique à celui que vous procurait l’Italie il y a quelques semaines voire quelques mois.

Quel intérêt d’acheter de la dette italienne dans ces conditions ? Aucun sauf à demander un rendement encore plus élevé en contrepartie du risque additionnel que vous prenez quant à une possible détérioration de la qualité du crédit.

Là où le bât blesse

A ce stade, vous vous demandez surement si les spreads souverains peuvent s’écarter à l’infini et si au fond, tout cela est grave – ou pas. En fait, il existe un niveau à partir duquel l’augmentation du spread n’est plus justifié par les fondamentaux et les qualités de crédit de l’émetteur. A ce moment, les perspectives économiques s’assombrissent en raison des conditions financières devenues plus restrictives. Ce phénomène tend ensuite à s’auto-entretenir en raison de la hausse de l’aversion au risque qui favorise l’augmentation du spread. On comprend mieux le discours de la BCE qui se dit prête à utiliser des moyens non conventionnels pour limiter l’écartement du spread entre les pays membres de la zone euro.

Et maintenant ?

Vous l’aurez compris, être capable d’anticiper la direction des spreads entre les pays périphériques et l’Allemagne est un moyen de confirmer une vue directionnelle sur les taux d’intérêt mais aussi d’évaluer les tensions qui pèsent sur la qualité du crédit d’un pays, donc sur son économie et par extension sur l’euro en tant que devise de référence.

Que dit l’analyse technique ?

Le graphique ci-dessous représente le spread en données hebdomadaires entre le BTP et le Bund exprimé en points de base. Après avoir buté autour des 250, le spread a validé une divergence baissière lorsque le RSI est venu casser sa ligne de support en place entre 2021 et 2022. En parallèle, la moyenne mobile 34-semaines est désormais résistance autour des 218. Une têtes-épaules (figure de retournement baissière) est également en formation et sera confirmée en rupture des 185. L’objectif minimum ressort à 152 pour une cible standard proche des 128. Ce scénario de tightening reste valable tant que les 228 ne sont pas dépassés avec, en scénario alternatif une hausse sur 260.

BTPBUND spread W

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