Vincent Bolloré, premier actionnaire de Vivendi avec un quart du capital, est en train de sélectionner les banques conseils qu'il chargera de céder une part du capital d'Universal Music Group (UMG), ont dit deux personnes proches du dossier.

Les banques devraient être mandatées en mars en vue d'un lancement du processus de cession au deuxième trimestre, ont-elles précisé.

Mais des discussions informelles avec des candidats potentiels sont déjà en cours, les banques tentant d'évaluer l'intérêt pour le dossier.

Vivendi et KRR ont refusé de commenter ces informations; Tencent n'était pas disponible dans l'immédiat.

UMG est le numéro un mondial du marché de la musique devant Sony Music Entertainment et Warner Music, avec entre autres les artistes Lady Gaga, Taylor Swift, Drake et Kendrick Lamar.

Les analystes divergent sur la valorisation du groupe.

Daniel Kerven, analyste médias de JPMorgan, a récemment décrit l'entreprise comme "un actif unique sous-monétisé", en évoquant un "contenu global incontournable stratégique pour les géants de la tech et qui ne peut pas être répliqué". Il estime la valorisation intrinsèque d'UMG à 44 milliards d'euros.

Deutsche Bank la chiffre pour sa part à 29 milliards d'euros en tablant sur une génération de trésorerie disponible de 1,5 milliard hors intérêts en 2023; Goldman Sachs valorise UMG à 35 milliards et Exane BNP Paribas à 25 milliards.

D'AUTRES CANDIDATS POTENTIELS DANS LE "PRIVATE EQUITY"

En 2017, Arnaud de Puyfontaine, le président du directoire de Vivendi, avait estimé qu'UMG pourrait être valorisé plus de 40 milliards d'euros. A l'époque, Vivendi envisageait la possibilité d'une introduction en Bourse de sa filiale, un projet abandonné depuis.

Tencent Music Entertainement, propriété du géant chinois des médias sociaux et des jeux Tencent Holdings, a déjà conclu un accord de licence avec Universal et souhaite renforcer leur collaboration en entrant au capital, ont expliqué les sources, tout en soulignant que la conclusion d'un accord n'était en rien acquise.

Selon ces sources, les acteurs du secteur pourraient avoir du mal à négocier un accord satisfaisant faute de pouvoir s'assurer la majorité du capital d'UMG et donc influencer sa stratégie.

Certains groupes de capital-investissement, dont KKR, sont disposés de leur côté à nouer un partenariat avec Vincent Bolloré et à contribuer au financement du développement d'UMG à l'international même s'ils ne peuvent pas prendre le contrôle de l'entreprise, ont expliqué les sources.

KKR a été dans le passé actionnaire de la société de gestion de droits musicaux BMG, un investissement lucratif puisqu'il a doublé sa mise en revendant ses parts à son partenaire allemand Bertelsmann en 2013.

L'une des sources a dit que d'autres groupes de capital-investissement que KKR avaient manifesté leur intérêt pour UMG.

Ce dernier possède 4% du spécialiste de la musique en ligne Spotify, une participation que les dirigeants de Vivendi ont toujours présentée comme un actif stratégique et donc exclu de céder.

(Avec Arno Schuetze, Mathieu Rosemain et Gwenaëlle Barzic; Marc Angrand pour le service français)

par Pamela Barbaglia