Washington (awp/afp) - La Fed devrait laisser ses taux en l'état mercredi à l'issue de sa première réunion monétaire de l'année malgré un nouvel appel du pied de Donald Trump en faveur d'une forte baisse.

La Réserve fédérale (Fed) devrait décider de poursuivre la pause dans la baisse des taux d'intérêt, entamée en décembre après trois baisses d'affilée pour parer aux tensions commerciales créées par le président américain et à la faiblesse de la croissance mondiale.

La Fed peut se permettre de ne pas toucher à ses taux, la plupart des indicateurs sont au vert: emploi, services, confiance des consommateurs... Seul le secteur manufacturier est en récession, victime de la guerre commerciale avec la Chine.

C'est surtout l'inflation que vont regarder les membres du comité monétaire pour ajuster leur politique, et maintenir l'objectif d'une inflation à 2%. Elle s'est établie à +2,3% en 2019, la plus importante croissance sur un an depuis octobre 2018.

Le président de la Fed Jerome Powell avait dit en décembre qu'il voulait la voir "persister" avant de relever les taux.

"Pour le moment, je pense qu'ils (les membres du comité monétaire de la Fed, NDLR) vont garder le cap pendant les prochains mois", a expliqué à l'AFP David Wessel, expert en politique monétaire à la Brookings Institution.

Il estime que la Fed va "attendre" et "regarder si l'économie ralentit, si elle rebondit, et surtout si l'inflation commence à monter".

Comme lui, les acteurs du marché sont près de 90% à tabler sur un statu quo, selon l'évaluation des produits à terme de CME Group.

Charge de Trump

La position de la Fed "est de faire une pause. (...) La politique monétaire et l'économie sont en bonne santé. Et ils voient une réduction des risques", a détaillé Kathy Bostjancic, économiste en chef chez Oxford Economics.

Toutefois, relève-t-elle, "nous avons un élan qui ralentit. Nous envisageons une croissance d'environ (...) 1,7% pour cette année, et c'est une baisse par rapport à 2,3 l'an dernier". Ainsi, "nous pensons qu'il y aura une nouvelle baisse des taux, vers le milieu de l'année".

Ce qui pourrait réjouir le président Donald Trump, qui réclame des baisses toujours plus fortes et critique régulièrement la politique menée par la Fed. Il est revenu à la charge mercredi, depuis le forum économique de Davos (Suisse): "Si vous abaissez les taux d'intérêts, tellement de bonnes choses vont arriver".

Selon le président, la croissance des Etats-Unis aurait dû être bien supérieure mais "beaucoup de mauvaises choses sont arrivées, à commencer par la Fed, qui n'a pas été bonne", a-t-il affirmé dans une interview à la chaîne CNBC.

"La Fed a augmenté les taux d'intérêts trop vite (...). Maintenant ils les ont réduits mais c'est beaucoup trop tard", a déploré Donald Trump.

Les membres du comité monétaire vont également examiner la situation de la croissance mondiale et les tensions commerciales.

Sur le front du conflit commercial avec la Chine, l'accord préliminaire signé le 15 janvier devrait marquer une trêve. Mais l'hôte de la Maison Blanche a décidé de s'attaquer désormais à l'Europe.

L'économiste Joel Naroff, en revanche, a dit s'attendre "à ce qu'ils ne fassent rien cette année. Rien du tout".

"Avec une économie en croissance de 2%, vous continuez à baisser les taux? Ça n'a aucun sens, ni économique ni pour une Banque centrale", a-t-il affirmé à l'AFP.

Lors de la dernière réunion en décembre, la décision de maintenir les taux dans une fourchette comprise entre 1,50% et 1,75% avait été unanime. Mais lors des trois réunions précédentes, la baisse des taux d'intérêt avait divisé les membres du Comité monétaire.

La Banque centrale avait indiqué qu'elle anticipait toujours une croissance de l'économie à un rythme "modeste".

afp/rp