Les Bourses européennes ont terminé lundi en ordre dispersé une séance indécise, les investisseurs attendant nerveusement une réaction des banques centrales à la panique provoquée sur les marchés financiers par la crainte d'une récession résultant de l'épidémie de coronavirus.

Les indices ont entamé la séance dans le vert avant de se retourner à la baisse pour clôturer finalement sur une note hésitante.

À Paris, le CAC 40 a pris 0,45% à 5.333,52 points, le Footsie britannique a gagné 1,13% et le Dax allemand a cédé 0,27%.

L'indice EuroStoxx 50 a progressé de 0,28%, le FTSEurofirst 300 de 0,29% et le Stoxx 600 de 0,09%.

Les interventions de plusieurs banquiers centraux, notamment celle de Jerome Powell vendredi soir, ont alimenté les anticipations de nouvelles mesures de soutien monétaire face à la propagation du coronavirus.

La Banque centrale européenne se tient prête elle aussi à ajuster tous ses instruments si nécessaire pour y faire face, a déclaré lundi son vice-président, Luis de Guindos.

La réponse pourrait également être budgétaire. L'Union européenne réfléchit ainsi à des mesures susceptibles de protéger son économie, ont fait savoir lundi plusieurs de ses dirigeants alors que le nombre de nouveaux cas et de décès continue d'augmenter.

Les intervenants de marché, qui viennent de vivre leur pire semaine depuis la crise financière de 2007-2009, en Europe comme aux Etats-Unis, se demandent si des mesures de stimulation monétaire ou budgétaire suffiront à enrayer les effets de l'épidémie.

L'OCDE se pose visiblement la même question puisqu'elle a abaissé lundi sa prévision de croissance de l'économie mondiale en 2020, à 2,4% contre 2,9% attendu en novembre.

La crise sanitaire provoquée par le nouveau coronavirus s'apparente pour les marchés financiers et l'économie mondiale à un "cygne noir", à savoir un choc externe imprévu et majeur, dit-on chez Carmignac.

"À notre avis, la crise du coronavirus, qui secoue les marchés depuis quelques jours, doit être comprise comme un choc externe de type "cygne noir", c'est-à-dire exceptionnel, sans précédent directement comparable", écrit Didier Saint-Georges, membre du comité stratégique d'investissement de Carmignac, dans une note publiée lundi.

VALEURS

Tous les indices sectoriels européens ont ouvert en hausse mais la situation a changé radicalement en cours de séance pour certains, notamment celui des transports et des loisirs, très exposé à la Chine et au risque sanitaire, qui a cédé 2,71%.

L'action Air France-KLM, qui a perdu plus de 20% la semaine dernière, a reculé de 7,79%, l'une des plus fortes baisses du Stoxx 600.

Le repli le plus marqué de cet indice est pour l'opérateur de satellites SES, qui a chuté de plus de 30% après avoir abaissé ses prévisions d'Ebitda et de chiffre d'affaires pour 2020 face au ralentissement attendu dans ses divisions vidéo et réseaux.

Du côté du CAC, la plus forte baisse est pour PSA (-4,28%).

Crédit agricole (-3,14%) figure dans le peloton de queue et l'indice Stoxx des banques a cédé 1,86%, pénalisé par la perspective de baisses de taux.

A WALL STREET

A l'heure de la clôture en Europe, un rebond se dessine à Wall Street, où le Dow Jones et le S&P-500 prennent autour de 3%.

La publication d'un indice ISM manufacturier inférieur aux attentes pour le mois de février a pu renforcer chez les investisseurs le sentiment que la Réserve fédérale allait baisser ses taux.

Les indices sont portés en outre par Apple, qui bondit de 6,79% à la faveur d'un relèvement de recommandation.

TAUX

Signe de la prudence toujours de mise, le rendement des Treasuries à dix ans recule encore de près de cinq points de base, à 1,08%, non loin d'un nouveau plus bas historique à 1,03% touché dans les échanges en Asie.

Il a perdu près de 40 points de base en une semaine, l'aversion au risque poussant les investisseurs vers les actifs jugés les plus sûrs.

En Europe, le rendement du Bund allemand à dix ans a reculé plus modérément (-1 point de base à -0,62%).

CHANGES

La perspective d'une baisse de taux aux Etats-Unis pèse sur le dollar qui perd 0,65%, à un plus bas d'un mois, face à un panier de devises internationales.

L'euro passe au-dessus de 1,11, un plus haut depuis la fin janvier, et le yen monte encore après avoir gagné 3,6% la semaine dernière, sa plus forte hausse hebdomadaire depuis juin 2016.

PÉTROLE

Les cours du pétrole grimpent encore, soutenus par les espoirs d'une réduction plus importante de la production par les pays membres de l'Opep et de mesures de relance des banques centrales.

Le baril de Brent, qui a touché lundi un plus bas depuis juillet 2017 à 48,40 dollars, gagne 2,3% à 50,82 dollars et le baril de brut léger américain se traite autour de 46 dollars (+2,95%).

(édité par)

par Patrick Vignal