Londres (awp/afp) - De nombreuses matières premières ont vu leurs cours baisser sur la semaine, la pandémie de coronavirus continuant d'inquiéter les marchés sur ses conséquences économiques tandis que le monde se barricade.

La récente baisse de l'or a été "une énorme surprise", selon Joni Teves, analyste pour UBS, le métal jaune étant généralement considéré comme une valeur refuge en période d'incertitudes.

Pourtant, "l'or s'est comporté de manière similaire dans le passé, agissant comme une source de liquidité pour répondre aux appels de marge et comme un tampon pour amortir les pertes", a ajouté M. Teves.

Un appel de marge consiste pour un investisseur à apporter des fonds supplémentaires censés couvrir la dépréciation d'une position ouverte sur le marché. Faute de quoi, l'investisseur risque de voir sa position clôturée.

Avec la dégringolade des marchés actions et du pétrole, les investisseurs ont pu être tentés de vendre le métal jaune, qui avait atteint un plus haut en sept ans il y a dix jours.

Les autres métaux précieux ont également fait grise mine sur la semaine, notamment le platine, tombé lundi à un niveau plus vu depuis 2002. Le palladium, de son côté, a atteint le même jour un plus bas depuis décembre. Et il avait déjà perdu près de 30% la semaine dernière.

Jeudi, "le principal producteur de palladium a significativement réduit ses estimation de déficit pour le marché du palladium, du fait de la crise du coronavirus et des suspensions dans la production de véhicules", principale secteur d'utilisation des platinoïdes, a commenté Daniel Briesemann, analyste pour Commerzbank.

Quant à l'argent, il est tombé mercredi à un plus bas depuis 2009, à 11,64 dollars l'once.

Sur le London Bullion Market, l'once d'or valait 1.491,10 dollars vendredi vers 14H00 GMT, contre 1.529,83 dollars le vendredi précédent à la clôture.

L'once d'argent valait 12,58 dollars, contre 14,72 dollars il y a sept jours.

Sur le London Platinum and Palladium Market, l'once de platine s'échangeait à 606,31 dollars, contre 763,28 dollars sept jours plus tôt.

L'once de palladium valait pour sa part 1.607,85 dollars, contre 1.812,82 dollars à la fin de la semaine précédente.

Cuivre dans le rouge

Le cours du cuivre a souffert cette semaine, atteignant jeudi 4.371 dollars la tonne, un plus bas depuis janvier 2016, malgré les signes de reprise que montre l'économie chinoise.

"Les montagnes russes ne sont pas grand chose comparé à ce qui se passe sur les marchés des matières premières en ce moment", a résumé M. Briesemann, insistant sur le sort du métal rouge.

La Chine, premier importateur mondial de matières premières, a dévoilé lundi une série d'indicateurs moroses pour janvier et février, sur fond de pandémie de Covid-19: la production industrielle s'est contractée de 13,5%, pour la première fois en près de 30 ans, selon le Bureau national des statistiques (BNS).

Mais la situation s'améliore au cours du mois de mars. L'activité a ainsi repris à plus de 90% en dehors de la province du Hubei, la plus touchée par le virus , a assuré mardi la puissante commission de planification.

Les inquiétudes des investisseurs se portent aussi sur les États-Unis, "deuxième plus grand consommateur mondial de nombreux métaux" selon l'analyste de Commerzbank, qui "connaîtront une interruption temporaire de la demande".

Sur le LME, la tonne de cuivre pour livraison dans trois mois s'échangeait à 4.859,50 dollars vendredi à 14H00 GMT, contre 5.460 dollars le vendredi précédent à la clôture.

L'aluminium valait 1.601,50 dollars, peu de temps après être tombé à 1.579,50 dollars la tonne, un plus bas depuis septembre 2016. Vendredi dernier, il valait 1.680,50 à la clôture.

Le cacao sombre

Le cacao a été malmené sur les marchés cette semaine, les investisseurs s'interrogeant sur le déséquilibre généré par une offre abondante face à une demande qui ralentit.

Côté producteurs, "la récolte est maintenant presque terminée pour la principale culture en Afrique de l'ouest et les résultats sont très bons", a indiqué Jack Scoville, analyste de Price Group, dans une note.

Cette région du monde est capitale pour le cacao puisque la Côte d'Ivoire et le Ghana représentent à eux deux plus de la moitié du marché du cacao mondial.

"La demande est toujours forte mais moins qu'auparavant", a ajouté M. Scoville, une situation à même de fragiliser les prix.

A Londres, la tonne de CACAO pour livraison en décembre valait 1.693 livres sterling, après avoir touché un plus bas en près de sept mois, contre 1.743 livres sterling le vendredi précédent. A New York, la tonne pour livraison en mai valait 2.203 dollars, un niveau plus vu depuis septembre, contre 2.482 dollars sept jours plus tôt.

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