Zurich (awp) - Le géant du travail intérimaire Adecco a enregistré un chiffre d'affaires en recul et une lourde perte au premier trimestre, malmené par les mesures prises face au coronavirus et un écart d'acquisition. Il compte sur une stabilisation au deuxième trimestre et se dit solide financièrement.

Au premier trimestre, le chiffre d'affaires a reculé de 9% sur un an à 5,14 milliards d'euros (soit 5,41 milliards de francs suisses au cours actuel), a fait savoir le groupe mardi. En mars, alors que plusieurs gouvernements imposaient des mesures de confinement face à la pandémie, les recettes du groupe se sont rétractées de 19%.

De nombreuses régions ont vu leur chiffre d'affaire baisser, à l'exception du Japon, de la péninsule ibérique et de l'Amérique latine.

En France (-12% à 1,124 milliard d'euros), les fermetures chez les clients en mars, en particulier dans les secteurs automobile, manufacturier et de la construction, ont pesé. En Allemagne, Autriche et Suisse, les revenus ont diminué de 13% à 424 millions d'euros. La baisse a été plus prononcée dans les deux premiers pays qu'en Suisse (-10%), là aussi à cause d'une plus faible demande des secteurs automobile et manufacturier.

Fort déclin en avril

Le déclin s'est poursuivi en avril. Sur le marché français, où Adecco réalise plus d'un cinquième de son chiffre d'affaires, il a atteint environ 50 à 60%, soit plus qu'à l'échelle du groupe, où la baisse se situe à 40%. En Suisse, le recul a été quantifié entre 30 et 40%, tandis qu'aux Etats-Unis, la contraction de l'activité temporaire est de 20 à 30%.

Sur les trois premiers mois de l'année, la perte a atteint 348 millions d'euros, contre un bénéfice net de 133 millions un an plus tôt. Elle est notamment imputable à un écart d'acquisition de 362 millions d'euros en Allemagne, Autriche et en Suisse "lié à la crise du Covid-19".

Sur le plan opérationnel, l'excédent brut d'exploitation (Ebita) a chuté de 38% à 136 millions d'euros. Les flux de trésorerie provenant des activités d'exploitation ont été sabrés de plus de la moitié à 69 millions d'euros, en raison du calendrier de paiements.

Le chiffre d'affaires a dépassé le consensus AWP, mais se situe dans le haut de la fourchette des prévisions. L'Ebita surpasse aussi le consensus tandis que la perte nette n'avait pas été anticipée.

Le groupe voit les premiers signes d'une stabilisation de l'activité au deuxième trimestre, notamment en Suisse et en Allemagne, alors que les mesures de déconfinement prennent de l'ampleur. Il s'attend tout de même à un partiel "difficile".

Rachat d'actions mis sur pause

"Nous parlerons d'un programme d'économies supplémentaires quand nous aurons plus de visibilité sur l'évolution future du marché et les éventuels dommages à long terme du coronavirus", a déclaré le directeur général Alain Dehaze auprès d'AWP. "Si nous économisons trop maintenant, nous n'aurons plus d'énergie à la reprise".

L'entreprise assure disposer d'un bilan solide et d'une importante marge de manoeuvre, grâce à 1,4 milliard d'euros de liquidités à fin mars et une facilité de crédit non utilisée de 600 millions d'euros. Par ailleurs, le programme de rachat d'actions à hauteur de 600 millions d'euros, annoncé en février, est suspendu.

Dans l'ensemble, les analystes sont plutôt positifs quant à la tenue d'Adecco dans cette crise. La Banque cantonale de Zurich note que le chiffre d'affaires et la marge brute ont été supérieures aux attentes. En revanche, l'écart d'acquisition, montre une fois de plus que "rétrospectivement, les rachats dans le domaine du placement de personnel s'avèrent trop coûteux".

Goldman Sachs note que les reculs constatés en mars et avril sont conformes aux prévisions des concurrents Randstad et Manpower.

Vontobel souligne qu'Adecco profite de la numérisation effectuée dans le passé qui lui permet de rester pleinement opérationnel. La question est de savoir quand aura lieu la reprise.

A la clôture, Adecco a gagné 0,1% à 40,87 francs suisses, dans un SMI en hausse de 1,3%.

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