Les créanciers privés ont jusqu'à jeudi pour décider de participer ou non au plan de restructuration de la dette de la Grèce, mais en l'absence de détails concernant leur taux de participation jusqu'à présent, l'attention du marché s'est tournée vers un rapport alarmant sur les conséquences d'un échec de l'opération, publié par l'organisme même qui en a négocié les termes.

L'Institut de la finance internationale (>> Morgan Stanley India Investment Fund Inc), qui représente près de 450 banques et autres créanciers privés de la Grèce, a publié en février une note confidentielle concernant "les répercussions très importantes et néfastes d'un défaut désordonné sur la dette de l'Etat grec".

S'il est difficile de chiffrer ces conséquences avec précision, "on voit mal comment elles pourraient ne pas dépasser 1.000 milliards d'euros", indique l'analyse de l'IIF.

L'existence de cette note, datée du 18 février, a été révélée la semaine dernière par Athens News, un journal anglophone publié à Athènes.

La note de l'IIF estime les pertes directes sur les emprunts grecs à 73 milliards d'euros en cas de défaut, l'exposition de la BCE à la Grèce à 177 milliards d'euros, l'aide supplémentaire pour renflouer l'Irlande et le Portugal à 380 milliards d'euros, un éventuel soutien à l'Espagne et à l'Italie à 350 milliards d'euros, et une enveloppe nécessaire à la recapitalisation des banques de la région à 160 milliards d'euros.

Douze institutions financières ont annoncé lundi qu'elles participeraient au plan de restructuration de la dette grecque, dit "private sector involvement", ou PSI.

Ces banques et fonds d'investissement font tous partie du comité qui a mené les négociations sur la restructuration de la dette grecque sous la houlette de l'IIF.

Les 12 institutions concernées sont Allianz (>> Allianz SE), Alpha Bank (ALPHA.AT), Axa (>> AXA), BNP Paribas (>> BNP PARIBAS), CNP Assurances (>> CNP ASSURANCES), Commerzbank (>> Commerzbank AG), Deutsche Bank (>> Deutsche Bank AG), Eurobank (BEUR.UR), Greylock Capital Management, ING Bank, Intesa Sanpaolo (>> Intesa Sanpaolo SpA) et National Bank of Greece (ETE.AT).

Selon un communiqué, le processus d'approbation est encore en cours chez certains membres du comité.

Les créanciers de la Grèce doivent accepter, dans le cadre du plan, un effacement de 53,5% du principal des titres de dette qu'ils détiennent. En échange de leurs titres actuels, ils recevront de nouvelles obligations portant des maturités de 11 à 30 ans et valant 31,5% du principal de leurs titres d'origine. Ils recevront également des titres à court terme émis par le Fonds européen de stabilité financière (FESF) couvrant la part de 15% restante.

Certaines banques ont calculé qu'en termes de valeur actuelle nette, la perte pour les créanciers privés atteindrait 73%.

De l'avis de certains investisseurs, la note de l'IIF visait à convaincre des créanciers réticents, comme les hedge funds, d'avaler cette pilule amère. Un porte-parole de l'IIF a démenti cette hypothèse.

Les fonds alternatifs, qui représentent une petite partie des membres de l'IIF, sont susceptibles pour la plupart de rejeter l'offre d'échange.

Si la Grèce parvient à faire accepter le PSI à 90% de ses créanciers, elle pourra procéder à l'échange volontaire. S'ils sont entre 75% et 90% à l'accepter, l'échange pourra avoir lieu mais le pays devra actionner les clauses d'action collective qu'il a introduites rétroactivement dans ses contrats obligataires. Une telle mesure contraindrait les créanciers récalcitrants à adhérer au plan de restructuration.

L'offre d'échange de titres de dette émise à l'intention des créanciers privés de la Grèce se termine jeudi.

-Katy Burne, Dow Jones Newswires

(Tom Fairless, Todd Buell et Margit Feher ont contribué à cet article)