C'est le genre de nouvelle qu'une société préfère passer sous silence. Mais en tant qu'entreprise cotée, Altran n'a pas vraiment le choix. "Découverte d'un incident à portée financière antérieur au changement de contrôle", c'est le titre choisi par les relations investisseurs de la société de conseil pour révéler la découverte d'une malversation intervenue avant qu'elle ne prenne le contrôle de l'entreprise Aricent. La bonne nouvelle, c'est que la fraude découverte, des fausses factures, n'était le fait que d'un seul individu.

La mauvaise, c'est que la somme en jeu atteint 10 millions de dollars et que la marge opérationnelle ajustée d'Aricent n'atteindra que 15,6% sur les 12 mois clos le 30 juin. Lors de l'acquisition, Altran avait mis en avant une marge supérieure à 18% sur la période antérieure à peu près comparable. Faisons un rapide calcul. La marge de 15,6% représente un peu plus de 105 millions de dollars si l'on se fonde sur les revenus estimés de 675 millions de dollars sur la période (le chiffre est fourni par Altran). A 18% de marge, ce montant aurait atteint 121,5 millions de dollars, soit environ 16,5 millions de dollars de plus. A 19%, cela aurait été respectivement 128,3 et 23,3 millions de dollars. En l'absence d'éléments additionnels, nous n'avons pas d'explication au décalage. Des mesures additionnelles ont été adoptées par la direction pour faire en sorte que les marges remontent vers les niveaux recherchés d'ici la fin de l'année.

Le sentiment tourne

"Le rationnel stratégique de l'acquisition d'Aricent est robuste et n'est pas affecté par cet incident", assure Altran, qui va lancer un audit sur le contrôle interne de sa filiale et prendre les mesures nécessaires, le cas échéant. C'est sans doute là le principal grief qui sera reproché au groupe. Si une telle malversation a pu se produire, c'est que le contrôle chez Aricent était défaillant. Le marché ne pardonne rien à la société : l'ouverture est sanglante, le titre ayant coté à 8,86 euros, en chute libre de -26%, après une longue période de réservation à la baisse. Même si le contexte, le management et l'ampleur sont différents, certains se souviennent sans doute que l'entreprise avait déjà fait face à une affaire de fausses factures. C'était juste après la crise internet de 2000.