Paris (awp/afp) - Le géant de l'informatique français Capgemini a réussi à passer la barre des 50% dans le groupe de technologie Altran, mais doit maintenant attendre une décision judiciaire sur cette offre publique d'achat (OPA) pour prendre pleinement possession de son bien.

"Au total, Capgemini (...) est en mesure de détenir (...) 53,57% du capital et au moins 53,41% des droits de vote" d'Altran, a indiqué l'Autorité des marchés financiers (AMF) dans un avis publié lundi.

"Nous sommes satisfaits que le marché ait validé ce projet", ont réagi dans un communiqué Paul Hermelin, PDG de Capgemini, et Ayman Ezzat, qui doit devenir directeur général en mai 2020.

"Nous sommes confiants quant aux étapes qu'il nous reste à franchir, et sommes maintenant résolument tournés vers l'avenir", ont-ils indiqué.

L'action Capgemini perdait toutefois 1,72% à la mi-journée, dans un marché parisien en chute de plus de 2%, rattrapé par les inquiétudes concernant la propagation du coronavirus chinois.

Capgemini avait annoncé en juin son intention de prendre le contrôle d'Altran, pour se positionner sur les futurs et énormes marchés de la numérisation de l'industrie.

Mais l'OPA ne s'est pas déroulée comme prévu, avec une contestation d'actionnaires minoritaires d'Altran jugeant le prix offert (14 euros par action) trop faible. Le prix valorisait Altran à 3,6 milliards d'euros, hors dette.

La fronde était menée par le fonds activiste américain Elliott qui lui réclamait plutôt 18 euros par action. Elliott a donc été finalement renvoyé dans les cordes, grâce notamment à un renchérissement de dernière minute de Capgemini qui la semaine dernière a porté à 14,5 euros son offre.

Le groupe informatique français ne peut cependant pas s'emparer encore pleinement d'Altran dans l'attente d'une décision de la cour d'appel de Paris sur la conformité du visa donné à l'OPA par l'AMF.

Cette décision fait suite à un recours de l'association de défense des actionnaires minoritaires (Adam) et doit légalement intervenir avant le 24 mars. Si elle était négative, Capgemini serait contraint formellement de déposer une nouvelle offre respectant les consignes de forme données par la justice.

Les actionnaires ayant apporté leurs titres dans la première OPA pourraient alors demander à les reprendre et à être remboursés par Capgemini.

Quinté de tête mondial

L'hypothèse est jugée peu probable en l'état actuel des choses, "mais on ne peut pas avoir de certitudes" tant que tout n'est pas terminé, a indiqué une source proche du dossier à l'AFP.

Capgemini est le mastodonte français des services informatiques, avec 13 milliards d'euros de chiffre d'affaires annuel, dont 35% en Amérique du Nord, et 200.000 collaborateurs.

Altran de son côté réalise 2,9 milliards de chiffre d'affaires annuel et emploie 47.000 collaborateurs.

Le mariage de ces deux champions internationaux permettrait de créer un groupe dans le quinté de tête mondial, selon M. Hermelin, qui a mis beaucoup de lui-même dans cette bataille. M. Hermelin veut réussir cette dernière bataille avant de céder les commandes opérationnelles du groupe à M. Ezzat, son dauphin, après huit ans de pouvoir sans partage.

Dans l'attente de la décision judiciaire, Capgemini s'est engagé à ne pas exercer ses droits d'actionnaires majoritaires, et à ne pas agir sur la gouvernance du groupe français de technologie.

Lorsque Capgemini aura franchi tous les obstacles, il s'est engagé à ne pas déposer de nouvelles offres supérieures à 14,5 euros pendant 18 mois, réduisant ses chances ainsi d'arriver à prendre rapidement le contrôle à 100% d'Altran.

Mais Capgemini estime qu'il pourra quand même bénéficier de toutes les synergies commerciales et technologiques attendues de la fusion.

Pour des raisons légales, Capgemini va rouvrir son offre à la fin janvier, pour une durée de deux semaines. Les actionnaires d'Altran qui n'ont pas saisi la possibilité de vendre à 14,5 euros pourront donc encore le faire, augmentant potentiellement la participation de Capgemini.

afp/rp