Zurich (awp) - Les craintes d'affaissement de l'activité d'Aryzta se sont matérialisées au troisième trimestre de l'exercice décalé 2019/20, clos fin avril. Le boulanger industriel a subi de plein fouet l'impact du coronavirus, en limitant toutefois les dégâts par rapport aux prévisions des analystes.

Entre février et avril, les recettes ont atteint 644,2 millions d'euros (682,8 millions de francs suisses au cours actuel), soit près d'un quart de moins que les 847,9 millions réalisés pour la même période en 2018/19, selon les indications fournies mardi par le groupe zurichois en difficultés. Le coronavirus a déployé ses effets néfastes sur Aryzta dès la mi-mars.

L'évolution organique du chiffre d'affaires présente une baisse de 21,5%, avec un repli significatif dans toutes les régions. En Europe, le recul organique des recettes a atteint 23,6%, contre -20,4% en Amérique du Nord et -14,3% dans le reste du monde.

A l'échelle du groupe, les revenus ont dégringolé organiquement de 49% en avril, déplore le groupe. Aryzta a cependant enregistré une amélioration au cours de mois de mai, au cours duquel la baisse a été ramenée à 33%.

"Nos revenus au troisième trimestre ont été fortement touchés par la pandémie, mais nos installations et nos produits sont compétitifs et bien positionnés pour un redressement alors que les économies se stabilisent et renouent avec la croissance", indique le directeur général Kevin Toland, cité dans le communiqué.

Le segment vente au détail et restauration ont relevé la tête, tandis que Foodservice (banquets, événements, séminaires...) souffre encore et toujours des mesures de restrictions imposées dans les différents marchés, explique le communiqué.

Impact incertain

Le chiffre d'affaires a dépassé les attentes les plus optimistes du consensus AWP. Les variations organiques des revenus se sont inscrits dans la fourchette haute des prévisions, à l'exception de l'Europe que les analystes attendaient en moyenne à -21,6%. La zone Amérique du Nord, qui concentrait les inquiétudes les plus fortes, a finalement accusé une baisse bien moindre qu'escompté.

La direction d'Aryzta estime que la situation actuelle ne permet pas de déterminer avec exactitude comment la pandémie de Covid-19 va affecter la marche des affaires. Il y aura un impact certain en 2020, affirme laconiquement le boulanger industriel.

Une batterie de mesures a été adoptée début mai pour préserver les liquidités, notamment des réductions de coûts, des ajustements dans les clauses convenues avec les créanciers et la suspension de l'activité sur certains sites. Près de 30% du personnel a été mis en congé. Les règlements prévus du dividende au mois de mars et d'avril ont été reportés.

En avril, le groupe a mandaté la banque d'affaires Rothschild & Co pour examiner "toutes les options stratégiques et financières" pour maximiser la valorisation de l'entreprise en faveur de ses actionnaires.

Par ailleurs, le fonds activiste zurichois Veraison s'est associé à l'espagnol Cobas Asset Management et constitué un groupe détenant plus de 17% d'Aryzta. Les deux véhicules se sont fait le porte-voix des investisseurs mécontents par les contreperformances successives de l'entreprise. Face à la fronde, le boulanger industriel a convoqué une assemblée générale extraordinaire à mi-août.

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